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18 avril 2006 2 18 /04 /avril /2006 02:42
Gouvernement : faut-il livrer Jean-Pierre Bemba face à la plainte centrafricaine à la Cpi ?
La plainte de la Rca n’est plus un secret. Les raisons de l’accusation contre le leader du Mlc, sont aussi connues. L’inconnue de l’équation demeure ce que sera l’attitude du gouvernement lorsque la convocation tombera. Va-t-il livrer Bemba ? Avec une garde qui fait de lui le Congolais le mieux gardé, Jean-Pierre Bemba entend-t-il se soustraire à la justice internationale ? Si oui, il sera versé dans les rangs des forces négatives
Kinshasa , 17.04.2006 | Politics
Comme annoncé dans les médias périphériques, la République Centrafricaine a saisi la Cour pénale au sujet des crimes mis sur le compte de l’armée de l’ancien président de ce pays, Ange Félix Patassé. Coincé par les libérateurs de François Bozizé, Ange Félix Patassé avait demandé secours à la rébellion du Mlc de Jp Bemba. Les soldats du Mlc ont laissé une triste réputation à Bangui.

Les images des scènes de pillage de cette armée ont fait le tour du monde. Il a été dit et prouvé que les soldats de Jp Bemba se sont rendus coupables de nombreux crimes de guerre.

La République centrafricaine qui avait promis de ne pas laisser ces crimes impunis, est passée à la vitesse supérieure en portant plainte, notamment en citant le leader du Mlc comme co-auteur de ces crimes commis par ses hommes. Ce n’est pas à proprement parler un coup de théâtre. Car, tout le monde s’y attendait. Avec ce qui est arrivé à Thomas Lubanga et à l’ancien président libérien, il était prévisible que le rouleau compresseur de la Cpi ne s’arrêterait devant aucun dossier, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

Mais l’inconnu de l’équation maintenant, c’est l’attitude que va adopter le gouvernement congolais. Va-t-il collaborer avec la cour internationale ? En termes clairs le gouvernement congolais va-t-il livrer le vice-président en charge de la commission Economie et Finances ?

L’article 28 du Statut de Rome dispose qu’ « un chef militaire ou une personne qui agit effectivement à ce titre sera pénalement responsable des crimes commis par des forces ou des personnes sous son commandement et son contrôle effectif s’il savait ou aurait dû savoir que des crimes étaient commis et a omis de prendre des mesures raisonnables pour les prévenir ou empêcher leur perpétration ».

La même convention demande aux gouvernements de collaborer. Car, la Cpi poursuit ses victimes partout où elles se trouvent.

On ne peut pas dire aujourd’hui que le leader du Mlc ne connaît pas ou ne connaissait pas l’existence de ces crimes. On ne peut pas non plus douter de la responsabilité de JP Bemba dans ce dossier. La question que plus d’un se pose est de savoir ce qui sera fait dans le cas où la Cpi convoquait le leader du Mlc.

Rompre le consensus

Si le gouvernement congolais n’a pas osé jusque là porté plainte contre qui que ce soit, il était question de ne pas rompre le consensus difficilement obtenu à Sun City. C’est ainsi que la République Démocratique du Congo s’est contentée de porter plainte contre les pays agresseurs que sont le Rwanda et l’Ouganda sans s’intéresser à leurs suppôts. On aurait pris telle responsabilité, c’est tout le monde qui crierait à la manœuvre tendant à éliminer les concurrents. Il y aurait menacé de reprendre la guerre.

Les suspects comptaient sur cette peur de qu’en dira-t-on pour espérer faire le passage de la transition à la troisième république sans encombre. Ce que la République centrafricaine vient de faire, peut être considéré par le Mlc comme un mauvais coup du sort. Tout dépend du temps que le procureur mettra entre la plainte et la convocation des accusés. Si cela tire en longueur, le leader du Mlc aura tout le temps d’aller aux élections malgré le couteau à la gorge.

Aucune loi du pays ne permet de tenir compte de cette plainte pour décourager Jp Bemba de s’engager dans la course électorale. Il faudra attendre que le jugement ait lieu et que la condamnation intervienne. Lorsqu’on connaît la procédure dans de genre de justice, on ne voit pas le verdict intervenir en moins de trois ans.

Dans le cas où le parti de JP Bemba se comportait bien aux prochaines élections, le verdict risque de trouver le leader du Mlc aux affaires. Tout ce que le Mlc peut craindre, c’est la sanction nationale et électorale.

On ne voit pas ses adversaires lui faire de cadeaux à ce sujet. Dans le cas où les dirigeants du Mlc osaient s’en prendre aux autres candidats - ce qui sera inévitable – il faudra s’attendre à ce que ses adversaires fassent de leur possible condamnation à la Cpi comme thème de la campagne électorale. Dans ce cas, il n’y aura plus de consensus à rompre.

Si la convocation intervenait avant les élections

La Cpi ne s’encombre pas du consensus congolais. Si la procédure va vite et que les convocations des accusés se faisaient avant les élections, le gouvernement congolais n’aura pas de choix. On verra peut-être le leader du Mlc, menottes aux poignets gagner l’aéroport de N’Djili pour être embarqué pour la Haye au Pays bas. Il semble que JP Bemba ne s’est jamais douté un seul instant que cela lui arrive un jour.

On croit que c’est pour l’une de ces raisons qu’il s’est fait le vice-président de la république le mieux gardé. Jeune Afrique Confidentiel a dernièrement fait état de plus d’un millier d’hommes de troupes pour la garde de Jp Bemba. On parle de plus de quatre cents soldats commis à sa sécurité dans la résidence du bord du fleuve Congo. Plus d’un millier d’hommes sont cantonnés à Maluku. Que craint le leader du Mlc ?

On peut comprendre qu’avec ses soldats, le leader du Mlc entendrait opposer une résistance farouche contre toute personne qui tenterait de l’arrêter pour l’amener à la Haye. Cet un projet d’avance voué à l’échec. Même si JP Bemba arrivait à sortir de Kinshasa et à échapper ainsi au procureur de la Cpi, il n’y a aucun pays au monde en règle avec sa conscience qui l’accepterait comme exilé. JP Bemba est loin d’être Charles Tylor. Même l’ancien président libérien, a fini par être livré en dépit de l’engagement pris par le président nigérian de lui accorder l’exil à la demande de la communauté internationale. D’aucuns pensent qu’en se sauvant des griffes de la Cpi, JP Bemba n’aurait comme choix que de se replier à Gbadolite en vue de reprendre la guerre. Cela n’est pas impossible pour quelqu’un qui a envoyé des rebelles sécuriser un régime démocratiquement élu, qui a engagé des combats pour conquérir des territoires à l’Est au moment où l’Accord pour la réunification du pays venait d’être signé.

Une force négative

Toute tentative pour le chef du Mlc de reprendre la guerre le précipitera dans les rangs des personnes recherchées avec acharnement. Il sera mis sur la même liste que Mutebusi et Nkundabatware. Ses soldats, s’il y en a qui accepteraient encore une fois de l’accompagner dans cette aventure sans lendemain, seront considérés comme des forces négatives vouées à la démolition par la communauté internationale.

Il lui sera également difficile de se trouver des bases arrière. Comme il est prévisible que beaucoup de militaires refuseront de l’accompagner dans une nouvelle guerre, que dire des autres cadres du parti ?

On n’en voit pas qui, inconditionnellement accepteraient de retrouver la vie de maquis. Comme quoi, Jp Bemba n’aura pas assez de marge de manœuvres. Il devra faire bon cœur contre mauvaise fortune en se soumettant à la Cpi. Il n’y a pas assez de chance d’acquittement, mais, un procès en bonne et due forme aura pour mérite de mettre fin à la converse. Car, le rôle de la justice justement, c’est de rendre blanc ou noir. Pour le savoir, il faut la laisser poursuivre son bonhomme de sujets.


| L’Avenir
 
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