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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 17:51
Tchad: armistice dans la "guerre du pétrole" avec la Banque mondiale

 

© AFP
Le président tchadien Idriss Deby ouvrant, le 10 octobre 2003, à Komé les vannes du pipe-line reliant le Tchad au Cameroun
© AFP/Archives Desirey Minkoh
N'DJAMENA (AFP) -
jeudi 27 avril 2006 - 13h39 - Le Tchad a signé avec la Banque mondiale un armistice qui suspend leur conflit sur l'utilisation des revenus pétroliers tchadiens et va permettre à l'institution internationale de reprendre partiellement ses financements en faveur de N'Djamena.

Après plusieurs jours d'intenses tractations à Washington avec le ministre tchadien des Finances Abbas Mahamat Tolli, la Banque mondiale (BM) a annoncé jeudi que les deux parties étaient parvenues à un "accord intérimaire" sur le différend qui les oppose depuis trois mois, même si, a-t-elle immédiatement précisé, "un accord global et définitif reste à conclure".

Selon cet accord, le Tchad s'est engagé à adopter avant la fin de l'année une loi budgétaire "spécifiant que 70% des revenus pétroliers seront utilisés pour des programmes prioritaires de lutte contre la pauvreté". "Les dépenses consacrées à la sécurité sont exclues de cette enveloppe, et seront financées sur les revenus généraux du Trésor tchadien", précise la BM.

Sitôt cette loi votée, la Banque "déboursera chaque mois au cours du prochain trimestre un tiers des sommes totales en dépôt" sur le compte bancaire qu'elle a bloqué en janvier, "étant entendu que cette période servira à élaborer un accord global" sur la question.

Selon les autorités de N'Djamena, environ 100 millions de pétrodollars tchadiens sont gelés sur un compte londonien de la Citibank ou retenus par le consortium pétrolier américano-malaisien qui exploite le brut des champs de Doba, au sud du Tchad.

© AFP
Le sous-secrétaire d'Etat américain adjoint aux Affaires africaines, Donald Yamamoto, le 24 avril 2006 à N'Djamena
© AFP/Archives Martin Van der Belen
Pour saluer cet accord "intérimaire", la BM a décidé de reprendre le versement d'une partie des 124 millions de dollars de crédits au Tchad qu'elle avait suspendus au début de la crise, pour des projets en matière "d'éducation, de santé, de développement communautaire, de lutte contre le sida, d'agriculture, d'électricité, d'eau et d'infrastructures".

Le compromis annoncé jeudi vient mettre un terme à la grave crise ouverte en décembre par la décision du Tchad d'amender unilatéralement sa loi sur la gestion des revenus pétroliers, imposée par la Banque mondiale en échange du financement d'un oléoduc de plus de 1.000 km entre les puits de Doba et le port camerounais de Kribi.

Présenté comme un modèle de bonne gouvernance, ce texte bloquait 10% des revenus de l'or noir sur un fonds destiné aux générations futures et imposait au Tchad, moyennant contrôle, d'affecter 85% des sommes restantes à des projets de réduction de la pauvreté.

Mais, deux ans seulement après avoir extrait son premier baril, le régime tchadien, confronté à une grave crise financière et menacé par des mouvements rebelles, a fait voler ce texte en éclats, notamment, comme le président Idriss Deby Itno l'a récemment admis, pour acheter des armes.

Sitôt la révision de la loi votée fin décembre, la Banque mondiale a riposté en suspendant ses crédits et en gelant les pétrodollars tchadiens. Et malgré des navettes incessantes entre N'Djamena et Washington, le conflit est resté en l'état jusqu'à l'offensive avortée des rebelles tchadiens du Front uni pour le changement (Fuc) le 13 avril sur N'Djamena.

Désespérément à court d'argent, le Tchad a menacé dès le lendemain de couper son robinet de brut (200.000 barils par jour) s'il ne récupérait pas avant le 18 avril ses pétrodollars bloqués à Londres.

Les intérêts de leurs "majors" directement menacés, les Etats-Unis ont alors proposé leur médiation, acceptée par le Tchad qui a retardé son ultimatum à la fin du mois d'avril.

Plusieurs jours de discussions à N'Djamena entre l'émissaire américain Donald Yamamoto et les autorités, et à Washington entre le ministre Abbas Mahamat Tolli et les responsables de la BM, ont finalement permis de trouver un terrain d'entente, même provisoire.

 

 

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