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18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 01:10
  FOCUS SUR L'ACTUALITÉ

 

RDPC: L’empire éclaté
(Cameroun-Info.Net 17/07/2006)
( 17/07/2006)


Le parti au pouvoir s’en va au congrès en rangs dispersés.... C’est par une scène dantesque que le parti au pouvoir a annoncé son troisième congrès extraordinaire. Vendredi, 7 juillet, sur les antennes de la radio nationale le Secrétaire général adjoint du Rdpc, Grégoire Owona, parlant sous le contrôle du président national du Rdpc, révélait que le congrès se tiendrait en une date qu’il ignorait manifestement. Quelques heures après, ce même jour, sur les mêmes ondes, par un communiqué, le Secrétaire général, Joseph Charles Doumba venait "corriger", au nom du même Paul Biya, l’information donnée par son adjoint.

Cette comédie médiatique aura amusé ceux qui ignorent le côté Janus de Paul Biya. En juillet 2004 déjà, il confiait séparément à chacun des deux responsables la mission secrète de préparer les dossiers d’un éventuel congrès. [Mutations n°1424 du 14 juillet 2004]. A l’occasion de la Présidentielle d’octobre 2004, Paul Biya consacrait la division, en remettant la gestion de sa campagne entre les mains de Grégoire Owona et de Jean Marie Atangana Mebara. Ce tandem avait alors savouré sa victoire, poussant le mépris pour Joseph Charles Doumba jusqu’à délocaliser le quartier général de campagne, généralement basé au siège du pari.

Dire que le retour en grâce (pour combien de temps ?) de Joseph Charles Doumba est un coup de poignard dans le cœur de ses adversaires, est un euphémisme. Officiellement chargé d’organiser les assises, le Sg a rendu public, jeudi 13 juillet, la liste des personnalités faisant partie de la Commission d’organisation du congrès, réglant au passage de nombreux comptes. La publication de cette liste a suscité bien de commentaires dans les journaux. Tandis que les partisans du Sg s’en sont donnés à cœur joie dans les allées du Palais des Congrès, les autres se répandaient en récriminations ou faisaient profil bas.

Selon des propos qui se chuchotent dans la capitale, la constitution des commissions porteraient la signature du fils Doumba, Philippe Bertoua, maire de Bertoua et cadre à la Société nationale des investissements (Sni). Des murmures que nous n’avons pas pu confirmer durant le week-end. Rencontré hier au siège du parti où il tient la permanence, Sali Dahirou, membre du Bureau politique, placé à la tête de l’importante Commission de suivi, se défend de parler au nom du Sg, mais explique: " la désignation des membres des commissions s’est faite en fonction de la disponibilité et de l’expérience. Les personnes retenues ont fait la preuve de leur efficacité dans les cellules qui ont eu à animer la vie du parti au moment où beaucoup n’y croyaient plus. On a aussi retenu des gens qui se sont manifestés lors de l’organisation des fêtes comme l’anniversaire du parti ou la fête nationale du 20 mai ".

Il s’attendrit devant les larmes de certains de ses camarades: "Tout militant souhaiterait, en pareille circonstance, que le parti fasse appel à lui, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde". L’ancien ministre de la Fonction publique discrimine entre ceux qui recherchent les titres "pour aller se vanter au quartier" et les plaintes motivées par le souci de travailler dans l’intérêt du parti : "Une chose est de voir son nom figurer sur les listes, une autre est de faire effectivement le travail, çà ne veut pas dire que tous ceux qui ne sont pas choisis ne sont pas de bons militants".

On peut comprendre que Joseph Charles Doumba, remis en scelle par Paul Biya malgré une santé chancelante, ait voulu chevaucher sur un terrain balisé et sûr. Outre quelques "modernistes", il s’est essentiellement entouré de personnes dont il ne peut redouter des croche-pieds. Même si Sali Dahirou jure qu’"il n’y a pas d’arrière-pensées mesquines derrière la composition des commissions".

"Arrière pensées" : le mot trahit-il la pensée ? A scruter de près, on ne saurait entièrement exclure cette hypothèse. La logique des batailles internes au parti au pouvoir semble avoir prévalu. Une preuve: quelques personnalités qui, au nom de ce même parti, et à la demande du président national, avaient pris en main la campagne présidentielle en octobre 2004 ont été mis à l’écart. Quelques uns, parmi les "perdants", font partie de ce cercle qu’une certaine opinion appelle la "Génération 2011". Et qui, à tort ou à raison, est soupçonné de manoeuvrer et d’accumuler biens et charges dans le dessein de conquérir le pouvoir suprême après Biya.

Hier, au siège du Rdpc à Yaoundé, on évitait de placer le débat sur le terrain de la probité des personnes écartées des équipes d’organisation; les responsables en charge de la permanence mettaient en avant la notion de respect de la discipline. " Il y a des gens que nous, les jeunes, avons trouvé sur le terrain, qui ont bâti ce parti depuis le temps de l’Unc [Union nationale camerounaise]. Il faut que les jeunes soient disciplinés. On ne doit pas casser la baraque en mettant les vieux à la touche. Les jeunes gagnent en expérience en côtoyant les vieux et nous allons prendre leur place progressivement". Sali Dahirou fait sans doute ici allusion à tout ceux qui traduisent "rajeunissement" par "mise à la touche des anciens ". Problème : parmi les personnes mises à la touche, figurent justement des " anciens ". Ce qui accentue le divorce entre les deux chapelles, et éloigne les esprits du vrai enjeu du congrès. Si enjeu il y a.


Curiosité: Les insolites, les absents et les ressuscités

Foning, Tobbo Eyoum, Kontchou Kouemegni, Akame Mfoumou… marginalisés.

Le troisième congrès extraordinaire du Rdpc se tient ce vendredi, 21 juillet sur fond d’intrigues et de dissonances. Les listes du comité d’organisation et des sous-commissions, 25 au total, dévoilées le 13 juillet, trahit au grand jour la guerre des réseaux et, surtout, regorge d’insolites. La sous-commission de la sécurité, par exemple, détonne par la présence, en son sein, de deux hauts fonctionnaires de la Sûreté nationale. Les commissaires divisionnaires Antoine Bagnalen, Agathe Lélé, et le commissaire principal Bienvenu Moutassie, chargé d’étude à l’Agence d’investigation financière (Anif) y sont, au mépris du statut particulier de leur corps.

Autre curiosité, qui pose au grand jour la problématique du financement du Rdpc, la composition de la sous-commission "grands promoteurs". Elle a pour mission "le sponsoring du congrès", et pour président Mohamadou Ousmanou Abbo. Victor Fotso, James Onobiono, Bobore Garba en sont les vice-présidents. Joseph Kadji Defosso, Emile Engama Engama, Mohamadou Fadil Bayero, Bernard Fokou, Gabriel Kondo Ebelle et Tarek Dabaji Khalil en sont les membres, cependant que le secrétariat est assuré par Justin Njoumatchoua et Rose Céline Mbarga. Contrairement aux usages passés, cette sous-commission a vu rayé de ses rangs des personnalités comme Antoine Louis Ntsimi, Clément Obou Fegue, Marcel Niat… Ce parti tente de tourner le dos à ces anciens directeurs généraux (Dg), jadis grands sponsors des activités du Rdpc.

A la sous-commission numéro cinq qui s’occupe de la "trésorerie et de l’autofinancement" cependant, le Rdpc est rattrapé par sa propension à mettre les gestionnaires des entreprises publiques à contribution. Ici, on note la présence de nombreux Dg parmi lesquels Emmanuel Etoundi Oyono, du Port autonome de Douala, Jean Louis Beh Mengue de l’Agence de régulation des Télécommunications, Camille Ekindi du Crédit Foncier du Cameroun et Charles Tawamba, l’administrateur provisoire de Campost. Les caisses de ces entreprises publiques seront-elles mises à contribution ?

La composition de l’ensemble des commissions et sous-commissions donne lieu à des résurrections très remarquées, Bleue Régine Tsoungui de la sous-commission de la décoration des sites et de la salle du congrès, par exemple, qui avait battu une liste parrainée par Grégoire Owona au cours du renouvellement des organes de base dans le Nyong et Soo. A Yaoundé, l’impasse faite sur les Andze, père et fils, fait grand bruit. Augustin Kontchou Kouemegni n’est pas du jeu. Pareil pour John Aku Mukete, le président national de l’Ojrdpc. Dans le Sud, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Edouard Akame Mfoumou et son successeur Polycarpe Abah Abah continue son temps de purgatoire.

A Douala, ville dans laquelle Grégoire Owona a fourbi ses armes en politique, des caciques du parti a été laissés de côté. On note, par exemple, les absences du député-maire Françoise Foning, vice-présidente du groupe parlementaire et unique femme présidente d’une section du Rdpc, du délégué du gouvernement Edouard Etonde Ekoto, de ses prédécesseurs Pokossy Ndoumbe et Thomas Tobbo Eyoum (membre du Bureau politique) etc.

Outre le cas Grégoire Owona, celui de Jean Fabien Nitcheu, conseiller auprès du secrétariat du comité central, est tout aussi frappant. De par les statuts (article 64 nouveau), tous deux font partie du secrétariat du comité central, au même titre que le secrétaire général et 12 autres cadres. Leur sort est plus dur que celui de Yaou Aïssatou. La présidente de l’Ofrdpc se contente d’un strapontin de vice-présidente de la sous-commission des sections extérieures. Un observateur averti attire l’attention sur la commission des nouvelles recrues que préside Clobert Tchatat. Pour lui, elle est simplement "insolite" et anti-statuaire. "Dans le Rdpc, précise t-il, le recrutement se fait à la base et non au congrès. On n’entre pas au Rdpc par le haut". Question pour comprendre: Paul Biya milite dans quel comité de base?

Léger Ntiga


Addition: Amougou plutôt qu'Owona

Le patron de l'Anecdote coopté, le Sg adjoint absent.

Il y en a eu deux. Mais sur aucune de ces listes additives signées du secrétaire général du comité central du Rdpc le vendredi 14 juillet, l'on ne retrouve les noms des désormais célèbres absents : Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du parti, Jean Fabien Monkam Nitcheu, conseiller du SG, Jean Marie Atangana Mebara, secrétaire général à la présidence de la République, etc.

En revanche, dans la première liste additive de Joseph Charles Doumba, l'on note la présence de Luc Ayang, le président du Conseil économique et social, tandis que dans la seconde, c'est Jean Pierre Amougou Belinga, le directeur de publication de l'Anecdote qui fait son entrée. Luc Ayang, "oublié" à la première répartition, bien qu'il compte parmi les hauts dignitaires du parti où il siège au bureau politique et de l'Etat (il en est la troisième personnalité), travaillera donc dans la grande commission d'organisation, aux côtés de Joseph Charles Doumba, à qui Paul Biya, le président national, a confié la charge d'organiser ce troisième congrès extraordinaire.

A la sous-commission de la direction des organes de presse et d'édition (Dope), que dirige Christophe Mien Zok, c'est un Jean Pierre Amougou Belinga, dans un rôle nouveau, que les observateurs de la scène politique vont découvrir. A en croire un cadre du Rdpc qui ne cache pas sa surprise devant les " nouvelles listes qui sont une surprise ", c'est un fait inédit. "On ne l'avait jamais vu dans l'organisation des activités du parti à un pareil niveau ". Mais le patron du journal qui a défrayé la chronique en janvier et février derniers par la publication de listes de personnalités supposées homosexuelles, tient là de toutes façons une belle revanche sur ceux qui pensaient qu'après les condamnations judiciaires, les sanctions politiques n'allaient pas tarder à tomber.

Au comité d'organisation élargi de ce congrès du parti au pouvoir, il retrouvera donc des camarades qu'il soupçonnait d'instrumentaliser une pratique sexuelle interdite pour se maintenir dans les cercles du pouvoir, ou y parvenir. Comment cohabiteront-ils durant cette semaine de travail préparatoire à la grande rencontre de vendredi, étant donné que les journalistes de la Dope seront amenés à interroger à gauche et à droite leurs camarades pour constituer la mémoire de ce congrès ; avant de produire un numéro spécial de l'Action, le journal du parti ?

Dans les listes additives, l'on trouve aussi des militants appelés en renfort à la commission d'organisation. Des " poids lourds " qui devraient apporter un précieux concours pour supporter les dépenses de ce congrès qui veut s'autofinancer : Jean Claude Feutheu, Isaac Ngahane, parlementaires et hommes d'affaires bien connus tout comme Isaïe Nana. A côté de Gilbert Haman Kaïgama, le directeur des Ressources humaines de la Crtv et de Paul Meoto Njie, le directeur du cabinet du Premier ministre.

Jean Baptiste Ketchateng et Leger Ntiga




YAOUNDE - 17 JUIL. 2006
© Xavier Luc Deutchoua, Mutations

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