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7 novembre 2006 2 07 /11 /novembre /2006 21:43
Communiqué de presse du MAE français “LE PARISIEN” ENTRETIEN MME BRIGITTE GIRARDIN
L'Intelligent d'Abidjan : Depêche 8:10 pm

Q – Votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution 1721 organise une nouvelle transition politique d’un an en Côte d’Ivoire. Comment celle-ci va se passer ?

R – Elle tire les leçons de l’échec de la précédente, la résolution 1633, et renforce les pouvoirs du Premier ministre. Elle maintient certes M. Laurent Gbagbo chef de l’Etat pendant un an de plus, mais elle organise un transfert effectif du pouvoir à Charles Konan Banny, qui est un chef de gouvernement de transition non éligible à la présidentielle. C’est là la clé de la réussite. Cette résolution renforce considérablement les pouvoirs du Premier ministre, auquel elle donne “pleine autorité sur les forces armées et de police”. On va voir s’il peut les exercer… La Constitution ivoirienne ni aucune autre disposition juridique ne peuvent plus être opposées pour lui contester ses pouvoirs. Si cela ne marche pas, les responsables du blocage seront clairement identifiés.

Q – Est-ce à dire que Gbagbo, qui gagne un an de plus, devient un président sans pouvoirs ?

R – C’est un peu ce que les Africains de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et de l’Union africaine ont souhaité en recommandant que le Premier ministre ait la “pleine autorité sur les forces armées et de police” et qu’il puisse en toutes matières, prendre des décisions par ordonnance ou décret-lois en Conseil de gouvernement. Toute la communauté internationale est d’accord pour dire que le Premier ministre est le responsable de la transition et que cette transition doit être la dernière ! Le mandat du président Gbagbo est expiré depuis octobre 2005.

Q – Le chef du gouvernement est chargé d’organiser “des élections libres, ouvertes, justes et transparentes d’ici au 31 octobre 2007 au plus tard”, mais croyez-vous vraiment que les Ivoiriens pourront voter d’ici là ?

R – Je l’espère. C’est en effet la dernière chance que nous avons de régler cette crise de façon politique et pacifique, sans effusion de sang. Il faut arriver à des élections démocratiques, car on ne peut accepter que ces élections soit truquées ou bâclées. Le seul objectif de la France, qui ne soutient aucun candidat, c’est que le peuple ivoirien puisse choisir librement celui qui doit diriger le pays et “que le meilleur gagne”, mais qu’il gagne honnêtement ! La Côte d’Ivoire a droit à avoir un chef d’Etat légitimement élu. Cela veut dire des élections régulières à tous les stades, y compris très en amont en incorporant dans les listes électorales les nombreux Ivoiriens qui en avaient été écartés.

Q – Le Premier ministre aura-t-il vraiment les moyens de sa politique ?

R – Il faut maintenant que les Ivoiriens eux-mêmes appuient le processus et prennent leur destin en main. On est là pour les aider, mais on ne peut pas le faire sans eux. C’est un pays souverain, que l’on ne met pas sous tutelle.

J’ai été onze fois en Côte d’Ivoire en moins d’un an et ce qui m’a le plus frappée, c’est d’entendre à chaque fois ce message : “Nous n’arrivons plus à nous faire confiance entre nous. Aidez-nous !” C’est dans cet esprit que nous agissons à la demande des Africains eux-mêmes. La population ivoirienne est la première fatiguée et lassée de ce conflit qui dure depuis quatre ans. Les pays de la région en ont aussi assez de ce conflit qui a des répercussions très négatives sur toute l’Afrique de l’Ouest et constitue une grande menace de déstabilisation pour toute la région. Si ce pays sombre dans la guerre civile, c’est en effet toute l’Afrique de l’Ouest qui sera déstabilisée, voire tout le continent africain.

Q – Le parti du président (le FPI) fait signer une pétition réclamant le départ des 4.000 soldats français de l’opération “Licorne” assimilée à une “force d’occupation”...

R – Le président Gbagbo ne nous a officiellement saisi d’aucune demande de cette nature. Licorne, c’est 4.000 hommes et 250 millions d’euros par an, mais c’est sans doute grâce à Licorne et à l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) que la Côte d’Ivoire n’a pas sombré dans la guerre civile et que nous avons évité des massacres de population. Nous voulons que cet appui militaire et financier important soit utile et serve à la réussite du processus de transition.

Mae Francais-3/11/2006

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