OPPOSITION CENTRAFRICAINE EN PLEINE DECONFITURE
Compatriotes et Amis,
Clément et Evrard,
Désolé de ne pouvoir vous répondre que maintenant, car j'ai perdu l'habitude de réagir à l'instant " T", tant les autres préocuppations sont importantes et nécessaires. Céla dit, que puis-te dire Evrard, sinon que tu serais d'accord avec moi lorsque je dis que nonobstant la bonne volonté de Bendounga à dénoncer les méfaits du pouvoir actuel de Bozizé, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas à lui seul représentatif de l'opposition centrafricaine. Ses prises de position sommes toutes justifiées et légitimes ne peuvent avoir de l'impact que si elles sont suivies d'un mouvement de masse populaire. Bendounga en RCA est ce que Olivier Besansnot est en France ( Désolé si j'écorche le nom de ce dernier ).
Clément, tu auras remarqué qu'il ne s'agit pas pour moi de tirer à boulets rouges sur ton parti le RDC, mais de dresser selon moi le panorama d'une opposition en perdition totale et dont les uns comme les autres ne sont intéressés que par la " mangeocratie " et dont beaucoup brillent dans la " médiocratie ".
Les querelles, les repliques et les dissensions, sont le lot quotidien des entités associatives, quelque soit la nature des objectifs qui sous-entendent leur existence et leurs programmes d'activités. Qu'un parti politique passe par des moments difficiles où l'autorité est contestée, ou qu'il y 'ait des démissions ou des mutations, tout cela est inscrit dans l'essence même des associations.
C'est dire qu'en fait la différence fondamentale qui permet de mesurer la maturité et la stabilité entre les partis politiques centrafricains est leur capacité intrinsèque à dépasser les contradictions et à toujours trouver des compromis grâce auxquels la structure reste protégée.
C'est à mon avis ce qui semble faire défaut aux partis politiques centrafricains, qui se liquéfient et disparaissent toutes les fois qu'ils ont à traiter des questions de leadership ou de nomination aux postes ministériels et les exemples à ce sujet sont nombreux, inutile d'en citer, tellement qu'ils sont à déplorer.
L'histoire de la République Centrafricaine est jalonnée par ce type de crises qui semblent n'avoir pas instruit les classes dirigeantes qui, faute de maturité et/ou de définition claire d'objectifs, tournent en rond et s'épuisent durant des années dans des querelles, laissant de côté l'éducation et la formation idéologique des masses, qui du reste constitue à n'en point douter leur raison d'être.
La disparaition de Jean Bedel Bokassa a donné lieu à la scission du MESAN. Celle de Ruth Rolland a fait éclater le PRC de l'époque en deux. Le départ de Patassé du pouvoir s'est soldé par le schisme du MLPC. Récemment, un groupe de militants du RDC ont tenté d'enfoncer une porte ouverte, en fabriquant un RDCR . A ce sujet, je comprends que mon analyse précédente ait été trouvée d'érronée par toi, mais je puis me permettre de rappeler simplement à l'auditoire que le ralliement de certains membres du RDC au second tour de l'élection présidentielle de 2005 avait donné naissance au RDC rénové dont l'existence a bien été officialisée et rendue publique à Bangassou à l'occasion de la fête nationale du 1er décembre dernier. Il est évident et je te l'accorde volontiers que cette tentative de scission a soulevé l'amertume et la colère des militants et dirigeants des différents organes du parti RDC qui eux ont prôné l'unité. Je comprends et respecte ta dernière prise de position à propos. Etant toi même un membre actif et fidèle du RDC, tu ne pouvais que trouver ma précécente analyse sur ce sujet d'irréelles, c'est de bonne guère, mais passant pour les besoins de la cause.
Pour revenir dans la droite ligne de la pensée préciser initialement, l'on pensait que l'expérience d'Abel Goumba constituait un rempart pour le FPP et qu'on aurait pu s'attendre à tout sauf à une crise de succession à sa personne.
Depuis le retrait du Professeur Abel Goumba de la direction du Front Patriotique pour le Progrès, une autre dimension, du Patriarche de la politique en Centrafrique est désormais devenu visible.
Jusqu'à sa désignation par Bozizé comme Médiateur de la République, le Professeur a toujours été perçu comme un exemple unique d'homme politique en RCA. Homme persévérant, idéaliste, partisan de la rigueur et du progrès. Il s'est même fait appeler " Maboku a vourou ", l'homme intègre.
Mais en définitive, à la vérité, le président fondateur du FPP, au cours des ans a présenté de nombreuses facettes, dont l'aboutissement matériel est ce qui se passe au sein du FPP, dans sa formule actuelle et dont ses membres et sympathisants pourront en parlé librement.
Bref, il y' a tellement à dire sur ses nombreux partis, à telle enseigne que je ne peux m'y éterniser en cherchant peut être à vouloir vous montrer la lumière du soleil à la main. Mais passant.
La question véritable qui me vient naturellement à l'esprit est celle de savoir à quand une " République Centrafricaine des meilleurs " ? tout en sachant que la question est peut être trop osée pour la quête de l'excellence, de la compétence et d'une pratique politique et sociale performante et productive au service du peuple centrafricain tout entier ?
Notre pays n'avancera ou ne fera des progrès politiques, économiques, sociaux et culturels véritables, qu'à la seule condition de rompre définitivement avec le cercle vicieux de la " mangeocratie " et de la " médiocratie ". Ce qui implique une sélection rigoureuse de l'élite politique et intellectuelle selon le sacro saint principe de " l'Homme qu'il faut à la place qu'il faut ". Cela apparait nul doute comme un impératif commandé par l'obligation du résultat et de la productivité.
Aujourd'hui, nous avons en République Centrafricaine une opposition sceptique, c'est le moins qu'on puisse dire. l'idée d'un nouveau Dialoque refait surface pour la énième fois, mais soyons sérieux, un nouveau Dialogue, pourquoi faire ? car nous savons tous qu'aller au Dialogue, c'est se disposer à faire des concessions. C'est accepté de céder des parcelles de pouvoir pour les uns, et de renoncer en partie au principe du refus systématique de collobaration pour les autres.
Or, l'expérience a montré que tous les Dialogues, toutes les concertations qui ont été organisées en République Centrafricaine, ont donné lieu à de nombreuses résolutions, proclamées avec pompe. Mais les caciques ont toujours reussi à rendre nulle la concrétisation des engagements.
Sur le terrain de l'application, il ne se trouve personne qui s'oblige à reconnaître les écrits et à se conformer à ce qui a été consensuellement arrêté.
Sur ce point, l'ancien régime a battu tous les records. Il s'en est dégagé un esprit de soupçon qui fait qu'en RCA, plus personne ne croît aux engagements des hommes politiques.
Alors, lorsque le doute reste dans les esprits, qui peut encore faire confiance à qui ?.
Notre pays a tellement galéré, qu'il nous faudrait impérativement des hommes et des femmes soucieux de l'intérêt général et non des individus ayant seulement à coeur leur estomac.
Freddy Béninga