Bruits de bottes à l’Est: Kagame défie le futur président de la RDC (Le Potentiel 09/11/2006) ( 09/11/2006) « Si nous sommes attaqués par des milices rebelles ou par quiconque, nous aurons le droit et la capacité de régler le problème ». Cette déclaration est de Paul Kagame, président du Rwanda faite à la presse à l’ Université des Nations Unies au Tokyo, au Japon. Et d’ajouter : « Nous ferons ce que tout pays ferait si nous sommes attaqués. C’et aussi simple que ça ». Voilà une déclaration qui n’est pas du tout de nature à faire plaisir à Kinshasa encore préoccupé par les /Présultats de l’élection présidentielle. Et ce n’est pas par hasard que Kagame menace d’envoyer ses troupes en République démocratique du Congo, si les rebelles rwandais demeurent toujours en République démocratique du Congo. Déclaration qui intervient juste au moment où la Rdc entend saluer l’élection du futur président de la République. Kagame saisit donc cette opportunité pour le « défier » en remettant pratiquement sur la table la sempiternelle question des interahamwe. Comme s’il voulait déjà tester la capacité du futur président de la République démocratique du Congo à gérer cette question. Il le pousse en quelque sorte, avant qu’il ne soit en fonction, à la considérer comme une priorité s’il tient à avoir la paix pendant les premiers jours de son règne. Evidemment, fidèle à sa stratégie, Kagame recourt à la « tactique de la pression » dont il s’en est servi pendant ces trois années à l’approche de chaque importante échéance politique en RDC pour attirer l’attention de la Communauté internationale sur son pays. L’on sait qu’à ce propos, il a bien joué jusqu’ici la carte à telle enseigne que toutes les personnalités internationales qui ont séjourné dans la région des Grands Lacs culpabilisaient en quelque sorte la RDC, invitant chaque fois le Congo-Kinshasa à gérer avec diligence cette question. D’où la mise en place d’une tripartie « RDC-Rwanda-Ouganda », sous l’égide de Washington pour régler justement ce problème des rebelles rwandais. Cette tripartite a été élargie au niveau du Burundi, constituant ainsi une initiative parallèle à la démarche de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Pour preuve, la signature de la « déclaration de Dar es Salaam », et bientôt le « Pacte de paix, de stabilité et de développement de la région des Grands Lacs » qui n’est rien d’autre qu’un pacte de non agression et de défense mutuelle. UN LEADERSHIP FORT, UN ETAT FORT Kagame est-il en train de « tester » le futur gouvernement avec la fin désormais acquise de la transition ? On serait tenter de répondre par l’affirmative. Kagame annonce donc ses couleurs. Et qui de Bemba ou de Kabila remporterait les élections, les relations de la RDC avec le Rwanda dépendraient en priorité de la gestion de la question des rebelles rwandais. Ce genre de test doit absolument avoir du répondant au travers la mise en place d’un leadership fort pour un Etat fort. C’est même un défi que le prochain gouvernement devra lever pour que ce genre de « menaces » cesse. Qu’effectivement une page de l’histoire doit être tournée pour que tous les pays voisins aient de la considération envers la RDC qui ne doit plus être le maillon faible de l’Afrique centrale ou des Grands Lacs. En effet, cette question des rebelles rwandais a trop collé à la peau des Congolais et servi de fonds de commerce à certains régimes de la région. Il convient par conséquent de relancer des initiatives existantes et prises ensemble avec les partenaires extérieurs ainsi que les organisations internationales, en l’occurrence l’Onu et l’UA pour accélérer le processus de désarmement et de rapatriement des rebelles rwandais vers leur pays d’origine. Car, comme il a été prouvé à travers le règlement de plusieurs conflits, ce genre de problème devra absolument avoir une solution durable au plan interne. C’est entre Rwandais d’abord pour que la RDC ne serve plus de bouc émissaire. Et si, comme l’a ajouté, le président rwandais «de travailler avec le gouvernement de la RDC », même en cas d’attaque, le problème doit être posé par voie diplomatique, dans le cadre des institutions ad hoc de deux pays au regard des avancées enregistrées sur ce point. Il y a lieu de se départir de cette « tactique de pression ». Car, la RDC ayant tiré les leçons de ces guerres d’agression, et s’étant engagée résolument à mettre en place des institutions démocratiquement élues pour favoriser la stabilité et la sécurité tant sur le plan national que régional, la RDC disions-nous, connaît désormais le prix de la paix. Elle n’accepterait plus que des prétextes sécuritaires des pays voisins perturbent à nouveau le processus de pacification et du développement durable de la région des Grands Lacs. Par Freddy Monsa Iyaka Duku © Copyright Le Potentiel |