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12 avril 2006 3 12 /04 /avril /2006 01:26

Lorsque Sassou-Nguesso plume le Congo

[ Brazzaville - Congo ] ( 14/02/2006) Mwinda

Le chef d'un des plus pauvres pays d'Afrique a payé plus de 100.000 £ en espèces sur une note d'hôtel de 169.000 £ due par sa suite durant le sommet des Nations Unies l'année dernière à New York, selon des documents produits en justice obtenus par The Sunday Times. Les aides du président Sassou-Nguesso de la République du Congo ont effrayé le personnel du Palace Hôtel sur Madison Avenue en versant des liasses de billets de 100 dollars pour régler la note des 26 chambres.

Marien Ngouabi, l’ancien président du Congo mort assassiné, lorsqu’il voulait s’acheter un journal, ou une revue, avait l’habitude de se rendre à pied à la Maison de la Presse Hachette qui se situait au début de l’avenue Foch sous les arcades au centre ville de Brazzaville. Il faisait la queue pour régler son achat, sans protocole, ni service d’ordre particulier, ni hélicoptère pour survoler le quartier. L’Immortel va se retourner dans son tombeau si jamais un brazzavillois venait à lui faire la lecture de la traduction de l’article paru dans le Sunday Times du 12 février 2006.

Monsieur Sassou Nguesso quand il veut se procurer un journal aurait tendance à acheter, lui ou un de ses enfants, d’abord l’immeuble qui abrite la librairie.

Joachim Yhombi Opango va également se sentir mal à cette lecture. A la veille du 5 février 1979 la rumeur enflait à Brazzaville qu’il dormait dans un lit en or massif. En fait ce n’était qu’un lit en laiton acheté deux millions et demi de F. CFA à Libreville quand tout était hors de prix dans cette ville. Une autre version indique que c’était un cadeau du Président gabonais. Déjà !?! Toujours est-il que ce lit avait été une des justifications du mouvement du 5 février. Le prix finalement payé a été dix années d’assignation à résidence pour le Président Yhombi et vingt-cinq années de dictature pour les congolais.

Quel prix paiera cette oligarchie extravagante, épicerie de luxe équatoriale ? L’histoire nous le dira bien un jour !

Oui pour l'initiative PPTE mais...



En attendant découvrons la vie de château que menait Sassou Nguesso à New York telle que nous la révèle le « Sunday Times » !

Lire l'article original en anglais ou la traduction que nous vous proposons ci-dessous.


Dernière révélation et de taille qui fera couler les dernières bouteilles de champagne à Mpila, après la grande fête organisée pour célébrer la " victoire " de la désignation de " l'homme des masses " à la tête de l'UA : jeudi 16 février prochain, la République du Congo atteindra le point de décision au programme pays pauvres très endettés (PPTE). Doit-on considérer cela comme un cadeau de plus fait à Monsieur Sassou Nguesso ou une avancée considérable pour le peuple congolais ?


A voir l’empressement et les pressions inouïes qu’ont exercés les « amis » de Monsieur Nguesso - il faut croire que les intérêts en jeu sont gigantesques car nul n'ira croire que les " bienfaiteurs " du Congo agissent dans l'ombre pour les seuls beaux yeux des Africains - on ne peut pencher pour la seconde hypothèse ! A moins que les conditions soient renforcées...

La note d’hôtel de 169.000 £ (150.000.000 FCFA) du chef d’Etat du Congo



The Sunday Times

Le chef d'un des plus pauvres pays d'Afrique a payé plus de 100.000 £ en espèces sur une note d'hôtel de 169.000 £ due par sa suite durant le sommet des Nations Unies l'année dernière à New York, selon des documents produits en justice obtenus par The Sunday Times.

Les aides du président Denis Sassou-Nguesso de la République du Congo ont effrayé le personnel du Palace Hôtel sur Madison Avenue en versant des liasses de billets de 100 dollars pour régler la note des 26 chambres.

Sassou-Nguesso, qui est le président de l'Union Africaine, représentant tous les gouvernements du continent, négocie avec la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire Internationale (FMI) pour annuler une grande partie de la dette de son pays du fait qu'il ne peut supporter son remboursement. Néanmoins le président s'est offert une semaine en septembre dernier au Palace Hôtel, une des plus prestigieuses adresses de Manhattan.

Il a payé 8.500$ (environ 4,5 millions de FCFA) la nuit pour une suite, sur trois niveaux, meublée en Art Déco, une baignoire Jacuzzi et un écran plasma de 50". Le room service lui a facturé pour la seule journée du 18 septembre plus de 2.000£ (2 millions de FCFA +/-).

Plus de 70% des 3 millions d'habitants de la République - connue comme Congo-Brazzaville pour la distinguer de sa grande voisine, la République du Congo Démocratique - vivent avec moins de 1100 FCFA par jour.

La délégation de plus de 50 personnes du président comprenait son valet de chambre, son photographe personnel et la coiffeuse de son épouse. Le groupe a également occupé 25 chambres au Crowne Plaza Hôtel, près du siège de l'ONU.

Les copies des factures montrent que la délégation a dépensé plus de 295.000 $ (150 millions de FCFA) pour un séjour de 8 nuits à New York, y compris plus de 81.000 $ (40 millions de FCFA) pour la seule suite de Sassou-Nguesso. Le but principal de la visite présidentielle était de livrer un discours de 15 minutes à l'assemblée générale du sommet du 60ème anniversaire. Il a également eu des entretiens avec une compagnie pétrolière américaine.

Les détails de l'extravagance du Président a outragé les créanciers du Congo-Brazzaville et a soulevé de nouvelles questions au sujet de la crédibilité de ce pays pour se qualifier pour une réduction de sa dette suivant l'accord soutenu par Tony Blair au sommet du G8 de l'année dernière à Gleneagles.

Les militants anti-corruption ont écrit à Paul Wolfowitz, chef de la Banque Mondiale, le pressant de s'opposer à la réduction de la dette du Congo-Brazzaville tant qu'il n'y aura pas « un grand nettoyage » des finances du pays, qui sont lourdement dépendantes des revenus pétroliers. Le FMI doit se prononcer sur le Congo-Brazzaville à la prochaine réunion des Directeurs vendredi prochain.

Global Witness, le groupe anti-corruption, dénonce dans un récent rapport sur le Congo-Brazzaville le fait que la richesse pétrolière " a depuis trop longtemps gérée pour le profit personnel de l'élite plutôt que pour le profit de sa population "

Sassou-Nguesso est arrivé au Palace, qui se flatte d'offrir le « luxe ultime », le 11 Septembre. Un ancien marxiste qui a perdu le pouvoir en 1992 mais qui l'a regagné après une guerre civile en 1997, s'est montré dans une suite connue comme le Triplex. Elle se vante de fenêtres hautes de 6 mètres de haut, de sol en marbre et d'une terrasse extérieure avec une vue spectaculaire sur la ville.

Les notes de l'hôtel révèlent qu'environ 6.900£ (environ 7 millions de FCFA) ont été facturés rien que pour le room service au compte du président. Aucun détail n'a été donné, mais le Palace propose à ses invités des menus qui comprennent des poêlées de foie gras, des langoustines d'Ecosse, des truffes émiettées, du crabe Dungeness et des escargots braisés dans une mousse de poulet.

La mission du Congo-Brazzaville à l'ONU avait payé un chèque de 51.000 $ pour la réservation. Le dernier enregistrement sur la facture groupée montre que le solde a été entièrement réglé par un « paiement espèces » de 177.942,96 $ (90 millions de FCFA) - un montant extraordinaire à transporter pour n'importe quel client d'hôtel.

Les détails n'auraient jamais dû être rendu public si quelques créanciers du Congo-Brazzaville ne poursuivaient pas le pays devant les tribunaux US et britanniques pour le règlement de ses dettes.

Parmi les créanciers un fonds d'investissements, Elliott Management, qui détient plus de 100 millions de dollars de dette sur le Congo-Brazzaville. Les notes d'hôtel de Sassou-Nguesso figuraient parmi les pièces présentées par les avocats d'Elliott. La mission du Congo-Brazzaville n'a pas répondu la semaine dernière aux sommations qui lui ont été faites de s'expliquer sur les notes d'hôtel. Déjà Sassou-Nguesso avait dénoncé les fonds d'investissements surnommés "vautours" qui rachètent à bas prix les dettes du Tiers Monde. Il s'est engagé également devant la Banque Mondiale et le FMI à coopérer avec empressement à des réformes financières.

Cependant deux juges de la Haute Cour Britannique ont conclu dans des affaires distinctes, il y a deux mois, que des représentants de haut rang du Congo ont "apporté des témoignages effrontément malhonnêtes" et " refusé de présenter les documents pertinents " dans des affaires impliquant de vieilles dettes.

Dans le cas présenté par Kensington International, une filiale d'Elliott au Royaume-Uni, M. Justice Cooke a jugé qu'un représentant officiel congolais a cherché à cacher les profits de transactions pétrolières afin que des créanciers ne puissent les saisir.

Il a établi que Denis Gokana, le chef de la compagnie pétrolière appartenant à l'Etat et Conseiller spécial du président, avait mis en place des compagnies "bidons" pour "dissimuler les éléments véritables" de la vente d'une cargaison de pétrole de 39 millions de dollars à un trader anglais, Glencore Energy UK, lequel a revendu le pétrole à BP.

Le juge a établi qu'en filtrant les revenus pétroliers au travers d'un réseau de faux traders, Gokana et ses maîtres politiques ont essayé d'empêcher les créanciers de saisir les biens du Congo-Brazzaville, et se sont fait des millions de dollars pour leurs sociétés par la même occasion. "A mon avis, un tel comportement est malhonnête" a décidé le juge.

Pour les militants anti-corruption, la décision britannique en faveur de Kensington a été une preuve supplémentaire malgré l'enthousiasme de Blair pour l'allègement de la dette - et les très en vue campagnes de rock stars comme Bono - que l'effacement de la dette du Congo-Brazzaville pourrait enraciner la corruption.

Des sources de la Banque Mondiale révèlent que Paul Wolfowitz était perturbé par le cas du Congo-Brazzaville, mais il est sous la pression des français pour approuver un allègement de la dette.

Jay Newman d'Elliott Management indique que la suite d'hôtel du président " coûte plus en un jour qu'un congolais moyen gagne en dix ans ".

Newman ajoutait : " C'est tellement chic de faire la java avec Bono et Kofi Annan (le secrétaire général de l'ONU) et il y a peut-être des exemples pour lesquels l'effacement de la dette a du sens.

" Mais plutôt que l'effacement, pour quelques pays les véritables réponses sont des sanctions politiques et, quand cela est justifié, des poursuites criminelles."

Traduit d'après un article du The Sunday Times ©

© 2006 Mwinda

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