© Copyright Continental
© Copyright Gabonews
| |
Privatiser autrement: Les nouvelles perspectives, le cas de Camtel Mobile (Le Messager 10/07/2006) ( 10/07/2006) Un ingénieur financier repense le modèle des privatisations et des concessions des entreprises publiques par les appels publics à l’épargne. La privatisation a théoriquement permis à de nombreuses entreprises du portefeuille de l’Etat de rentrer dans la logique économique. On a pu contourner l’étau des subventions budgétaires systématiques qui rimaient à ruiner des Etats déjà précaires de leurs ressources alors que l’ambition de départ était de créer de la richesse pour de nouveaux investissements directs nationaux. Les Etats ont dû supporter seuls le poids financier des investissements, faute généralement pour eux, de n’avoir pas su mettre à contribution un actionnariat populaire resté léthargique du fait d’une culture du bas de laine. Les économies africaines n’ont pas su tirer le bon parti de ces ressources dormantes de financement intérieur. Dans certains pays, les privatisations et les mises en concession ont permis à l’Etat de maximiser les retombées financières et fiscales, en même temps que les entreprises privatisées ont pu se moderniser avec des gains de productivité incontestables que l’on doit aussi à une réadaptation du système bancaire et du marché financier dans les pays où il a existé. Si les bilans généraux de la privatisation restent mitigés, au moment précis où la réflexion doit s’articuler sur un dépassement du modèle des ajustements structurel, l’éclosion d’un marché financier ouvre assurément de nouvelles perspectives pour l’amélioration de la productivité des entreprises privatisées ou concédées. Il y a là la clé, au-delà des modèles keynésiens, d’une augmentation des ressources budgétaires et d’une nouvelle dynamique de la mobilisation de l’épargne locale. La clé aussi à une nouvelle stratégie de création de richesse et d’emplois sur une appropriation des nouvelles technologies. Le mouvement de privatisation constaté ces dernières années dans le monde entier est un signe visible du retrait partiel de l'Etat du secteur économique, que ce soit pour des raisons financières ou des raisons idéologiques. Dans les pays du monde entier en général, la désétatisation a été le principal outil de passage de l'économie planifiée à l'économie de marché. Nous n’allons pas revenir au débat sur la privatisation qui a suscité en son temps des émotions dans le public. Le présent article est une contribution qui se donne pour ambition de sensibiliser les administrations chargées de la mise en œuvre des privatisations sur la nécessité et l’opportunité de concilier les vœux du chef de l’Etat tels qu’énoncés dans l’article 2 de l’ordonnance 90/004 du 22 juin 1990 relative à l’instauration des mécanismes de marché et de stimulation des initiatives privées dans les opérations de privatisations. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il serait opportun de donner une signification au vocable privatisation afin que nous ayons une description commune du terme. Le Cameroun, sous la surveillance de la Banque mondiale et du Fmi, a décidé de privatiser et de donner en concession certaines sociétés du secteur concurrentiel de production de biens et services marchands. Outre les objectifs financiers de cette vision entre autres la promotion d'un actionnariat privé national ; objectif qui vise à associer à cette importante opération que constitue la cession d'un Patrimoine national à des opérateurs privés, les populations nationales légitimement intéressées à ce processus constituent par ailleurs un vecteur essentiel permettant de mobiliser l’épargne nationale. Une économie gagne des emplois productifs et ces emplois longs que sont les prises de participation. C’est essentiellement le rôle et la vocation d’une place boursière. Depuis les indépendances, l’Afrique a vécu une violence : l’orthodoxie des ratios prudentiels dans un système bancaire et financier tenu en laisse par des encadrements de crédit, et les camisoles d’une zone monétaire dont les pays membres ne se sont jamais entendus sur une discipline budgétaire minimale. Une preuve, la Cemac qui s’installe sur les décombres de l’Udéac, risque d’être un “ machin ”, dixit De Gaulle, comme à propos de l’Onu. Il est de ces prérequis fonctionnels qui tiennent l’édifice de tout programme inter-Etats. Pour leur remise à niveau, les entreprises ont généralement besoin de financements importants en montant et longs en durée, autant d’exigences que ne peuvent satisfaire les banques locales contraintes elles-mêmes au respect des ratios prudentiels de la commission bancaire. Pour satisfaire cette demande, le marché boursier représente une opportunité exceptionnelle. Les mécanismes de marché et de stimulation des initiatives privées, tels qu'énoncés à l’article 2 de l'Ordonnance 90/ 004 du 22 juin 1990 relative à la privatisation des entreprises publiques et parapubliques, n’ont toujours pas été mis en application jusqu’à ce jour. Il est urgent qu’il leur soit redonné leur importance dans la démarche des instances chargées de la mise en œuvre de ce programme. Des initiatives récentes démontrent de manière irréfutable que cette conciliation est non seulement possible, mais hautement souhaitable car induisant des effets positifs très probants. On est en droit de déplorer le peu de diligence manifestée dans la concrétisation de cet objectif. Les privatisations restantes devront être repensées à l’aune de cet engagement présidentiel de large ouverture et d'accessibilité des différentes composantes nationales à ce programme si on veut saisir l'exceptionnelle opportunité d’une place boursière avec des entreprises comme la Cdc, la Camair, la Camtel ou la Snec. Dsx, une opportunité pour les prochaines privatisations Les ventes récentes des actions de l’Etat détenues par la Sni dans le capital de la Semc sur la place de Douala annoncent le début de la mise en œuvre de cette volonté. Ce partenariat est d’autant plus souhaité qu’il survient à un moment où la confiance des bailleurs de fonds revient dans le marché financier camerounais. En visite à Douala à l’occasion de la cérémonie de lancement des premières cotations de la Dsx, le ministre de l’Economie et des finances, Polycarpe Abah Abah, a tenu à rencontrer le gotha banquier et financier, le Gicam, le Syndustricam et la Chambre de commerce. Il a tenu à mettre en avant les attentes du Gouvernement envers le marché financier en général, tout en vantant les opportunités qu’offre une bourse dans le financement de l’entreprise, en particulier et de l’économie en général. Il a ensuite profité de cet échange pour encourager les entreprises locales et les institutionnels à s’y investir massivement. Nous ne pouvons qu’encourager cette initiative du Minefi et aussi encourageons-nous les institutions de privatisations et la Sni à s’impliquer dans le mouvement de redynamisation de la Bourse en accompagnant les entreprises restantes candidates à la privatisation pour leur recapitalisation en Bourse. Cotation Certains pourraient penser, au vu de la situation financière de ces entreprises, qu’elles n’obéissent à aucun critère d’éligibilité à la cote de la Douala Stock exchange. C’est un argument à nuancer. Le marché joue sur l’avenir. Pour preuve, aucun épargnant camerounais soucieux de fructifier son épargne ne refuserait d’acheter aujourd’hui des actions de Aes Sonel ou Camrail. Dans des places d’une avance de la culture boursière, des start-up sont admises à la cote avec le seul argument d’un bon business plan. Dès que les partenaires stratégiques sont trouvés, le reste des actions à céder au public peut bien être admis à la cote. Réflexion sur une privatisation de Camtel A en croire les opérateurs de téléphonie mobile, le Cameroun compte 2 millions d’abonnés. Admettons que nous sommes 15 millions et que la population active représente 60 %. Cela représente 9 millions d’individus. Si nous mettons de côté les 2 millions d’abonnés actuels, nous nous retrouvons devant une demande potentielle de 7 millions d’individus qui doivent et qui ont besoin de communiquer par téléphone et qui n’y parviennent pas pour diverses raisons : enclavement, un accès incertain ou impossible au réseau, prix prohibitifs… Pour communiquer, ces personnes sont parfois obligés de faire des déplacements coûteux alors qu’un simple coup de fil eût résolu le problème en une minute. Elles en deviennent inefficaces et très peu compétitives, car pour joindre leurs différents fournisseurs ou clients, elles n’y parviennent qu’au moyen du contact physique qui rallonge les délais dans la production et dans les livraisons. En prenant pour hypothèse le dixième de cette demande à satisfaire. Le financement d’une société de téléphonie mobile, pour l’exploitation d’une concession du réseau de téléphonie mobile qui devra satisfaire une partie des potentiels consommateurs dans la cible restante. Appelons cette société Cameroon mobile telephone SA ayant pour actionnaire une entreprise de téléphonie mobile de dimension internationale, des investisseurs institutionnels tels que les compagnies d’assurances, les banques locales, les employés de Camtel, et surtout, en petits porteurs, le grand public utilisateur de téléphones mobiles. Le financement d’une telle entreprise proviendrait des actionnaires ci-dessus énumérés, avec 20 % réservés aux institutionnels, et 20 % au grand public, le principal actionnaire restant détenir les 60 %. Si les 40 % du financement s’obtiennent par appel public à l’épargne sur la Douala stock exchange. La nouvelle entreprise est alors introduite en bourse et émet un million d’actions d’une valeur nominale de 20 mille francs Cfa. A la conclusion de l’opération, l’entreprise lève 20 milliards. Les marges dans la téléphonie mobile sont connues, mais pour le présent cas pratique, nous retiendrons le taux de 30 %, soit 15 milliards de dividendes à distribuer sur un chiffre d’affaires de 50 milliards seulement avec 700 mille abonnés. Nous prenons des hypothèses basses et plutôt pessimistes. On fait beaucoup mieux dans le secteur. Le porteur qui achète cinquante actions pour un million se retrouve chaque année, dans le cas où l’Assemblée générale décide d’octroyer 40 % des bénéfices (soit 6 milliards sur les 15), avec 300 mille francs de dividende en plus de sa mise de départ, soit un taux de rendement de 12 %. De loin beaucoup mieux qu’une épargne sur livret ou sur un Dat. Que se passerait-il à l’issue de cette opération ? L’opération sera plus bénéfique à plus d’un niveau. D’abord pour la cible, car elle permettra à ceux qui sont injoignables par téléphone de l’être en un temps très court, elle permettra un gain de productivité dans leurs activités. Les bénéfices induits du fait qu’on peut être en contact permanent avec sa famille restée au village ou qu’on peut gérer ses activités et passer des ordres à distance sont appréciables. Par ailleurs, en rendant lesdites populations heureuses, l’on aura économisé des ressources qui sont susceptibles d’être affectées à des projets sociaux. Les investisseurs privés et institutionnels rentabiliseront leur mise car, selon nos informations, le retour sur investissement (ROI) dans la téléphonie mobile est très rapide. Ceci est d’autant plus vrai que la Scm et Mtn étaient arrivés au Cameroun avec chacun un business plan de 35.000 abonnés au bout de 5 ans. Or, nous savons ce qui est arrivé. Dès la première année, chacune totalisait près de 100.000 abonnés, les serveurs étaient incapables d’où l’investissement supplémentaire visant à accroître la capacité des serveurs. En supposant que chaque abonné au téléphone mobile consomme, pour les moins bavards 300 Fcfa par jour, l’entreprise de téléphonie mobile y gagne 9000 Fcfa par mois. Avec 1 million d’abonnés, ceci donne 9 milliards, par 12 mois on est à 108 milliards, à qui appartenait cet argent ? C’est tout l’enjeu et l’intérêt d’une place boursière, lorsque l’argent du consommateur peut être réinvestie dans l’économie plutôt que d’être rapatrié à l’étranger. Contribution de la Dsx Pour ces raisons et pour d’autres que sont : l’accès à de nouvelles sources de financement, la notoriété, la motivation des salariés, la mobilisation de l’épargne des agents économiques et l’inscription dans une dynamique de croissance, la place boursière de Douala a un rôle décisif à jouer dans le financement de l’entreprise et à la croissance de l’économie camerounaise. Tout démontre qu’elle est prête à accueillir toutes les entreprises en cours de privatisation à fort potentiel de croissance qui souhaitent changer de dimension et s’inscrire résolument dans une dynamique de croissance et d’investissement. A condition toutefois que ces entreprises adoptent une stratégie de développement clairement définie et se donnent un potentiel de croissance crédible et surtout une organisation comptable et financière adaptée. Résultats attendus d’un modèle intelligent de privatisation Une privatisation intelligemment menée induit des bénéfices appréciables à plusieurs niveaux. L’Etat se crée une nouvelle source de revenus financiers et fiscaux. Les professionnels de la banque et de la finance mettent utilement à contribution des connaissances dont ils ne se servent pas autrement. L’épargne locale est mieux investie et refinance l’économie, tandis que les salariés et même le grand public peuvent se constituer des situations de rente pour leur retraite. Il ressort du cas pratique et de tous les développements en amont que les privatisions sont une opportunité pour l’enrichissement de la cote. Si nous tenons à donner un essor dynamique à la Dsx, le Cameroun devra veiller à ce que les privatisations restantes se passent en bourse. C’est grâce aux privatisations que les bourses d’Abidjan ou de Rabat ont décollées. La bourse de Paris qui nous est familière a connu son essor dans les années 90 grâce aux privatisations. Tout n’est donc qu’une question de volonté. Du modèle général de la privatisation La notion de "privatisation ” n'est pas aisée à décrire. Au sens strict du terme, on entend par là la cession d'éléments de l'appareil étatique de production et de fourniture de services à des particuliers. Il s'agit donc du transfert du secteur public au secteur privé d'une partie de la propriété ainsi que des droits, obligations et risques liés à celle-ci. Parfois, la privatisation englobe également l'octroi au secteur privé de mandats pour la fourniture de prestations (externalisation), de même que la cession en leasing de biens publics ou d'éléments de réseaux, l'attribution de concessions à des entreprises de distribution et les contrats de coopération entre les secteurs publics et privé (Public Private Partnership PPP, Private Finance Initiative PFI). Là où l'octroi de subventions à certains secteurs économiques est considéré comme une ingérence de l'Etat dans le libre jeu du marché, la réduction des subsides peut être également considérée comme une forme de privatisation. Un Etat peut se désengager de ses entreprises par différents moyens : a) introductions en Bourse b) vente à des investisseurs publics intéressés pour des raisons stratégiques. c) octroi de concessions pour certaines prestations d) accords de coopération. Les techniques généralement utilisées sont : * La vente d'actions à une ou plusieurs personnes physiques ou morales de droit privé peut être partielle ou totale. Dans toute la mesure du possible, il sera recherché une atomisation du capital qui favorise l'entrée au capital de plusieurs petits épargnants pour le développement de l'actionnariat populaire, une technique qui permet la continuité de l'entreprise : * La cession d'actifs surtout utilisée dans le cas d'entreprises à structure financière fortement déséquilibrée. Elle implique la cession de tout ou partie des actifs de la société à privatiser au secteur privé. Ici l'accent est mis sur le traitement particulier du passif. * L'entrée au capital : Pour permettre l'entrée au capital d'une entreprise publique de personnes physiques ou morales de droit privé, l'Etat et les organismes publics peuvent renoncer à leur droit de préemption dans le cas d'une augmentation du capital ou accepter une restructuration du capital par transformation des créances au bénéfice de ces personnes. * L'exploitation de l'entreprise Dans ce cas l'Etat ne désire pas céder la propriété de l'entreprise, mais souhaite en confier l'exploitation à des personnes physiques ou morales de droit privé. Il peut procéder à - la location, location-gérance, location-vente des actifs - l'établissement d'un contrat de gestion de l'entreprise ou de ses actifs. * la scission de l'entreprise en vue de faciliter la mise en œuvre d'une privatisation spécifique, il peut être décidé de scinder l'entreprise en plusieurs sociétés distinctes. Dans ce cas, la privatisation peut intervenir séparément selon l'une des techniques prévues supra. Par Jean-Beaudry MANGUELE* Ingénieur-Financier, Auteur de : La Bourse Comprendre pour mieux investir Par Par Jean-Beaudry MANGUELE* Le 10-07-2006 © Copyright Le Messager |
La Grande-Bretagne a reçu plus d’argent de l’Afrique subsaharienne qu’elle ne lui en a accordé en aides au cours de l’année écoulée, en dépit de ses promesses de lutter contre la pauvreté, a dénoncé mercredi l’ONG britannique Christian Aid. Au cours des douze mois qui ont suivi le sommet du G8 de Gleneagles en 2005, présidé par la Grande-Bretagne, l’économie britannique a gagné 11 milliards de livres (15,9 milliards d’euros) en Afrique.
Le flux financier de la Grande-Bretagne vers l’Afrique s’est élevé à près de 17 milliards de livres. Il s’agit d’aides ou de dons, de transferts d’argent d’Africains vivant en Grande-Bretagne ou d’investissements directs en Afrique.
Mais dans l’autre sens, il s’est élevé à plus de 27 milliards de livres, en remboursements de dettes, bénéfices des compagnies britanniques, exportations de biens et fuite de capitaux depuis le continent africain. Les principaux responsables de cette situation sont les grandes entreprises et les hommes ddont les bénéfices en Afrique subsaharienne se sont élevés à 22 milliards de livres.
Que donnerait la même étude appliquée à la France ?
A. N.
Article paru dans l'édition du 6 juillet 2006.
© Copyright L'Humanite