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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 18:48
  FOCUS SUR L'ACTUALITÉ

 

Paul Biya, responsable de la corruption
(Icicemac.com 24/04/2006)


Abel Eyinga rappelle les 7 milliards offerts à la secte de feu Raymond Bernard, gourou rosicrucien, quelques années après les révélations de Robert Messi Messi sur le pillage de la Scb par le couple présidentiel.

A l’initiative d’Abel Eyinga, plusieurs leaders d’opinion ont discuté de la question à Yaoundé

Le panel était large. Tout comme le public. L’on trouvait ainsi, autour de Célestin Lingo, le modérateur, et d’Abel Eyinga, Woungly Massaga, l’ex chef de l’Upc clandestine, Fabien Eboussi Boulaga, philosophe, Anicet Ekane, le président du Manidem, Babissakana, expert financier, Ananie Rabier Bindji, journaliste à Canal 2 et un représentant du Service Justice et Paix de l’Eglise catholique, M. Mballa. Vendredi dernier à Yaoundé, Abel Eyinga, président de la Nationale et vieil acteur de la scène politique camerounaise a rassemblé ces personnalités à débattre sur la corruption dans la société camerounaise et les moyens d’en venir à bout.

Dans une salle remplie par quelque deux cents personnes, les intervenants sont revenus sur des sentiers battus. Tel M. Mbida, qui a relu le rapport des observateurs catholiques lors de la dernière élection présidentielle. Au sujet de la corruption électorale, déclare-t-il, l’on peut considérer que “le pouvoir du peuple est abusé”. “Les dés sont pipés à l’avance. [...] Il faut que cela cesse”, clame-t-il. Pareillement, Babissakana a évalué le projet de loi portant application de l’article 66 de la Constitution. La future commission de déclaration des biens, relève-t-il, sera inefficace, elle n’aura pas de compétence sur les dirigeants de la police et de l’armée : 175 milliards de Fcfa à tous deux, sur le dernier budget.

D’autres intervenants ont cependant choisi de produire des chocs, pour pousser l’auditoire à réagir. Paul Biya, notera par exemple Abel Eyinga, porte une responsabilité particulière dans le développement du phénomène de la corruption au Cameroun. “Les gens ont tendance à oublier cela au fil des jours. Mais on ne peut juger un acteur d’une telle importance par ce qu’il fait aujourd’hui.” Le président de la Nationale se souvient en effet des 500 millions de Fcfa présentés par le président de la République, pour aguicher les partis politiques réticents à prendre part aux élections législatives de 1992. Et de rappeler les 7 milliards offerts à la secte de feu Raymond Bernard, gourou rosicrucien, quelques années après les révélations de Robert Messi Messi sur le pillage de la Scb par le couple présidentiel.

Anicet Ekane, dans le même sillage, a contesté l’idée selon laquelle l’opposition camerounaise a été corrompue et par ce fait même, décrédibilisée. “En 1992, l’opposition, c’était 95% d’anciens du parti unique, 3% de démocrates-libéraux et 2% de progressistes populaires.” On ne peut donc dire, conclut-il, que ceux qui ont fait alliance avec le pouvoir, l’Undp, le Mdr, l’Upc d’Augustin Frédéric Kodock, etc., sont des opposants corrompus. “Puisqu’ils n’ont pas été engagés à agir contre les devoirs de leurs charges. Ils se sont battus pour rentrer à la maison dont ils avaient été écartés. Voilà pourquoi il faut cesser d’appeler à l’union de l’opposition à tout prix.”

Justement, fait noter Eboussi Boulaga, il ne s’agit pas d’unanimisme ou de copie. “Il n’y aura pas une invention camerounaise de la lutte contre la corruption. L’on peut assainir, si on s’attaque au système de la rente qui est chevillée à la corruption.” Même s’il reconnaît que combattre la corruption est une tâche morale, à laquelle tout le monde doit être convié parce que responsable, observe Ananie Bindzi, “mais elle ne peut être dépolitisée”. Le retour à la responsabilité de départ, celle de Paul Biya, est revenue sur la table. Mais dans la discussion, un citoyen, Gaston Medou, soutient que le Cameroun porte en l’origine de son nom le germe de la corruption. “Les crevettes, c’est ce qui se mange. Changeons de nom, comme le Burkina.” Les rires et les applaudissements de la salle ne couvrent pas cette autre contribution en réponse : “cette opinion montre bien comment on a embrouillé la réflexion sur la corruption”. En sus, s’interroge Tazoacha Asonganyi, SG déchu du Sdf, “Qu’est ce qui vous fait penser que ça va changer ? Depuis le temps qu’on en parle...”


Jean Baptiste Ketchateng





© Quotidienmutations

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