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26 mai 2006 5 26 /05 /mai /2006 17:28

LETTRE OUVERTE A MME SAMBA-PANZA: création d'un Front Populaire contre le recours au coup d'Etat et à la rébellion et nécessité de demander à Martin ZIGUELE de condamner cette rébellion et d'adresser un message de soutien aux troupes gouvernementales

Martin ZIGUELE, qui a réussi l'exploit de se doter très rapidement d'une stature nationale en accédant au deuxième tour de la dernière présidentielle aurait dû confirmer son attachement réel à la démocratie et sa stature d'homme d'Etat et de patriote en condamnant tout recours à la rébellion et même adresser un message de soutien et de solidarité aux troupes gouvernementales engagées au front dans le nord de notre pays, et cela, tout en leur demandant de prendre soins des populations civiles.


Moammar BENGUE-BOSSIN
Politologue Bangui, 03 avril 2006
Ancien Représentant du
Gouvernement au Bureau du
DIALOGUE NATIONAL
Tél : 50 80 30


A
L'ATTENTION DE
MADAME LA PRESIDENTE
DU COMITE DE SUIVI DES ACTES
DU DIALOGUE NATIONAL
-BANGUI-

OBJET : création d'un Front Populaire contre le recours au coup d'Etat et à la rébellion et nécessité de demander à Martin ZIGUELE de condamner cette rébellion et d'adresser un message de soutien aux troupes gouvernementales envoyées au front.

Madame la Présidente,
Notre cher pays, la République Centrafricaine de Barthélemy BOGANDA, plus vaste que les deux Allemagne réunifiées, plus vaste que la France et chacun des Etats d'Europe de l'Ouest, plus étendu que le Japon, trente (30) fois Israël et mille (1 000) fois Singapour, sous peuplé et classé parmi les dix (10) pays les plus pauvres du monde, malgré d'immenses potentialités naturelles, demeure, malgré tout, attaché à la démocratie; et cela, contrairement à la théorie « développementaliste » de la science
politique américaine selon laquelle la démocratie, libérale bien sûr, rimerait plutôt avec le développement économique, social et culturel.

Malheureusement, force est de constater que notre pays, que nous prétendons tous aimer, semble décidé à ne pas démentir cette approche développementaliste(chère au célèbre politologue américain Gabriel ALMOND), comme dans le cas de l'Inde, pays certes pauvre et sous-développé, mais démocratique.

En effet, depuis 1996, la RCA n'a cessé d'être confrontée à des crises politico-militaires récurrentes et, cette fois-ci, alors même qu'elle vient de sortir d'une Transition qui s'est achevée par l'organisation d'élections, certes non parfaites, mais jugées crédibles et acceptables par tous, élections qui ont permis la mise en place de nouvelles institutions démocratiques conformes aux recommandations du Dialogue National et dont les résultats n'ont pourtant pas été contestés par le principal leader de l'opposition, je veux citer, bien entendu, notre frère Martin ZIGUELE qui a fait preuve d'un fair-play qui a dû forcer l'admiration de bien de démocrates nationaux et étrangers.

Moins d'un an après ce retour réconfortant à une vie constitutionnelle normale, ce pauvre pays tant meurtri ces dernières décennies est déjà de nouveau confronté à des rebellions dans sa partie septentrionale, ce qui veut dire, en clair et de grâce, que le Dialogue National et surtout les différents gouvernements de Transition n'ont pas su cerner, avec précision, objectivité et courage les facteurs (causes) qui ont conduit ce pays hier à la situation que nous sommes en train de revivre.

Madame la Présidente,
Mon parti, le FPP, étant englué dans des querelles on ne peut plus byzantines, j'ai dû, après concertation avec de hauts cadres de ce parti, avec quelques uns de mes anciens collègues membres du Bureau du Dialogue National, des journalistes et des leaders politiques, écrire au Révérend pasteur Isaac ZOKOUE, Président du Comité des Sages et ancien Président du Dialogue national, pour lui proposer ce que je crois, comme de nombreux autres compatriotes, BON ET NECESSAIRE d'engager comme action afin d'éradiquer, le plus tôt possible, cette subversion qui est en train d'écumer le nord de notre patrie; bien entendu, cela doit se faire assez rapidement pour éviter scrupuleusement le massacre des populations civiles, mais aussi et surtout parce que le recours fréquent à la rébellion et sa persistance ne peuvent qu'éloigner notre cher pays de la démocratie tout en retardant sa modernisation et son décollage économique et social.

Aussi, face à la gravité de cette nouvelle crise et ses conséquences pour le moins incalculables et imprévisibles, j'ai l'honneur de prier le Comité de Suivi des Actes du Dialogue National (CSADN) de bien vouloir :

1 Trouver ci-joint copie de cette correspondance et de faire triompher à la fois auprès du gouvernement de notre pays, des Leaders de tous les partis politiques, de tous les Députés de la Nation à l'Assemblée Nationale et surtout auprès des 350 Délégués du Dialogue National les solutions qui y sont proposées, dans l'intérêt supérieur de la Nation ;

2 Mettre en place, avec en tête les anciens membres du Bureau du Dialogue National, un FRONT POPULAIRE DE LUTTE CONTRE LE RECOURS AU COUP D'ETAT ET A LA REBELLION COMME MODES DE CONQUETE DU POUVOIR DE L'ETAT, notamment avec à la clef la création d'un Registre officiel dans lequel les partis politiques et associations « républicains, démocrates et légalistes » et donc fondamentalement hostiles à tout recours au coup d'Etat et/ou à la rébellion voudront bien s'inscrire, LIBREMENT ;

3- Parallèlement, inviter tous les anciens dignitaires de ce pays, qui se considèrent comme démocrates, patriotes et républicains à émarger, à titre personnel, librement, sur ce Registre, notamment les anciens chefs d'Etat, dont les Présidents André KOLINGBA et Ange Félix PATASSE, les anciens Vice-présidents, notamment le Professeur Abel GOUMBA et Henri MAIDOU, les anciens Présidents de l'Assemblée Nationale, les anciens Premiers ministres, les anciens membres du Gouvernement, les anciens Conseillers à la Présidence de la République, à la Vice-présidence, ceux de la Primature, les anciens Députés, les leaders de parti politique, les membres de la direction des partis politiques et les dirigeants des organisations de défense des droits de l'homme.

L'intérêt ici, avec ce Front, à l'instar du Front populaire crée en France en 1935, n'est pas de dire que le Président de la République, quel qu'il soit, est un saint et que le régime actuel est parfait, mais de réaffirmer solennellement l'attachement de notre pays à la réconciliation, à la paix et à la démocratie, de témoigner de notre détermination à conserver les acquis du Dialogue National et de montrer surtout à la Nation et au monde entier que notre classe politique est mûre et responsable et que ce qui se trame dans le Nord de notre pays est beaucoup plus un complot contre le peuple et la démocratie que contre un régime ou un homme ;

4 - Madame la Présidente, rappeler à tous, sans exception aucune, que lorsque la France était en train de traverser une situation politique, économique et sociale aussi dure et désespérée que la nôtre, en 1935, qui plus est, dans un contexte international particulièrement incertain et très inquiétant, des partis politiques, avec notamment le parti socialiste SFIO(Léon BLUM), le parti communiste (Maurice THOREZ), l'Union socialiste républicaine(Paul RAMADIER), le parti radical(Edouard DALADIER), des syndicats( la CGT, avec Léon JOUHAUX ; la CGT U, avec Benoît FRACHON), des intellectuels et des associations de défense des droits de l'homme et de lutte contre la guerre et le racisme(Henri BARBUSSE, Romain ROLLAND, Paul LANGEVIN, etc.) se sont mobilisés pour créer LE FRONT POPULAIRE le 14 juillet 1935 ?

Aussi, la question se pose logiquement de savoir pourquoi cette expérience ne pourrait-elle pas être tentée ici chez nous en l'adaptant, bien entendu, aux réalités locales, c'est-à-dire en disant non seulement « NON à la guerre, à tout recours au coup d'Etat, à la rébellion, mais aussi NON aux stupides politiques d'ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale » tout en prônant une sorte de plan MARSHALL dit « PLAN BOGANDA » nécessitant au moins un (1) milliard de dollars d'investissements directement productifs, chaque année, sur cinq(5) à dix(10) ans, afin de créer des banques, des industries, des fermes d'agriculture mécanisée et des fermes d'élevage de type industriel?

En effet, ayant déjà, à titre exceptionnel, expérimenté le recours à la rébellion que le Tchad voisin pratique sans interruption depuis près de quarante (40) ans avec toutes ses conséquences que l'on connaît, nous ne pouvons, aujourd'hui, comme hier au Dialogue National, que rejeter cette solution qui n'a fait qu'accroître la pauvreté et la souffrance dans ce pays frère. En ce sens, s'il y a des exemples à suivre, ce serait forcément ceux des pays scandinaves ou la démocratie libérale est solidement ancrée et où, en outre, elle s'harmonise très bien avec le socialisme démocratique.

Dans cette optique, vous conviendrez avec moi que s'il y avait crise politique en Centrafrique, la solution, loin d'être le recours à un coup d'Etat ou à une rébellion, serait plutôt, et idéalement, d'exiger et d'obtenir, par des marches pacifiques et des pétitions, des élections anticipées; et, vous en conviendrez avec moi une fois de plus, il n y a pas chez nous, du moins pour l'heure, de crise politique ou institutionnelle et, même si c'était le cas, il serait impensable, voire puéril, d'exiger des élections anticipées à moins d'un (1) an des dernières consultations électorales qui ne datent que de mai 2005.
J'ai, en outre et très sérieusement, l'impression que de nombreux partis politiques, pas tous heureusement, sont tentés par l'idée de se taire dans l'espoir, pour le moins saugrenu et irresponsable que, si jamais la rébellion venait à prendre le pouvoir, ils puissent pactiser avec elle pour gouverner ensemble.

Mais, de grâce, pour appliquer quelle politique macroéconomique, quelle politique d'assainissement de nos finances publiques, quelle politique de lutte contre le chômage, de revalorisation de notre système éducatif, de modernisation de notre système sanitaire et de notre misérable et embryonnaire système de protection sociale ?

Mieux, quel est le soubassement idéologique des politiques publiques que la rébellion compte appliquer pour nous « sauver » de la misère une fois qu'elle serait au pouvoir? Ce soubassement idéologique serait-il de droite ou de gauche?

A propos d'idéologie, le gouvernement Elie DOTE qui fait du pilotage à vue, soit dit en passant, n'a lui-même pas d'idéologie et ne saurait dire s'il est de gauche ou de droite. Cependant, en appliquant aveuglement les recettes ultralibérales du FMI et de la Banque mondiale et en négligeant l'éducation et la santé publique, il est évident qu'il s'agit bel et bien là d'un gouvernement de droite qui a beaucoup déçu et qui ne pouvait que décevoir: toutefois, cela ne donne, à tous les mécontents, que le droit de critiquer et de faire des propositions en attendant les prochaines élections, pas le droit de prendre des armes sous un quelconque prétexte.

En effet, sous prétexte que le clivage politique et idéologique gauche/droite serait étranger à l'Afrique, voire étrange, et donc à la RCA aussi, les politiciens de notre pays ont non seulement cru devoir créer une multitude de partis politiques sans idéologie et sans programme qui ont réussi l'exploit de prendre en otage les électeurs de l'ethnie ou de la région respective de chaque Leader de parti, d'une part et, d'autre part, de plonger notre pays dans le chaos actuel qui remonte à 1996, mais ils persistent en plus à vouloir conserver l'ethnie et la région, sans le crier, comme seuls repères devant motiver, consciemment ou inconsciemment, le choix des électeurs pour qu'ils puissent continuer, bien sûr, à abuser de leur analphabétisme et de leur inculture politique.

En vérité, aussi bien d'un point de vue diachronique que synchronique, tout gouvernement, quel qu'il soit, a toujours cherché à donner la priorité soit à la satisfaction des intérêts et des aspirations de la minorité aisée et dominante, soit à ceux de la grande majorité déshéritée, exploitée et dominée.

Dans le premier cas, favorable donc aux plus nantis, il s'agit d'un gouvernement de Droite, avec soit des libéraux, soit des conservateurs, soit les deux.

Dans le deuxième cas, favorable bien entendu aux plus pauvres, il s'agit d'un gouvernement de Gauche, avec soit des socialistes, soit des communistes, soit les deux.
Selon la pertinente formule de Guy MOLLET, illustre socialiste et ancien Président du Conseil (Chef de gouvernement) sous la quatrième République en France, formule que j'aime citer, il est possible de résumer ce clivage idéologique qui traverse toute société comme suit :

1 - A Droite, l'on a:
a- Les Conservateurs, qui sont pour l'autoritarisme en politique et le capitalisme en économie ;
b – Les libéraux, qui sont pour la démocratie en politique et le capitalisme en économie ;

2- A Gauche, l'on a, par contre :
c – Les socialistes, qui sont quant à eux attachés à la démocratie en politique et au socialisme en économie ;
d – Les communistes, enfin, qui sont par contre pour l'autoritarisme en politique et le socialisme en économie.

Quoi que critiquable, cette approche, pour le moins sommaire, est particulièrement intéressante, car il suffirait de limiter constitutionnellement le nombre des partis politiques à quatre (4), conformément à ces quatre tendances idéologiques, et d'éduquer ensuite politiquement les électeurs, en leur explicitant notamment ce que c'est que l'autoritarisme et la démocratie d'un côté et, de l'autre, ce que sont le capitalisme et le socialisme pour que chaque citoyen soit en mesure de voter en toute responsabilité pour ce qu'il croit bon, politiquement et économiquement, pour son pays; et cela, au-delà de toutes considérassions ethniques, claniques et régionalistes pour le moins mesquines et dangereuses.

C'est, entre autres, ce que j'avais proposé au Dialogue National, soutenu en cela par de nombreux patriotes de valeur, en prônant, en conséquence, la dissolution de tous les partis politiques d'avant le sursaut patriotique du 15 mars 2003 qui ne sont, en fait, que des factions claniques et opportunistes pour la plupart.

J'avais insisté en outre et en vain sur le fait que la survie du système de parti en place, notamment avec le RDC, le PUN, le MLPC, le FPP et le FODEM ne manquerait pas de réveiller les démons du passé et reconduirait rapidement notre pays au bord de la division, voire de la guerre.

Mais, bien entendu, quelques leaders de parti politique, avec en tête Jean-Paul NGOUPANDE du PUN et Charles MASSI du FODEM, pour ne citer que ceux-là, s'étaient mobilisés, au Dialogue National, bien sûr, et de la manière la plus fantasque qui soit, pour faire échec à cette « révolution » de notre système de parti, attestant que leur statut de LEADER DE FACTION était à leurs yeux plus important à préserver que l'avenir de leur propre pays.

Aujourd'hui, dès lors que ces factions tribalo-claniques et opportunistes abusivement appelées PARTIS POLITIQUES ont été finalement conservées, est-il surprenant que notre pays soit de nouveau en guerre?

Aussi, est-il urgent et indispensable, plus que jamais, que le CSADN fasse la proposition aux plus hautes autorités de l'Etat de procéder à la révision de la Constitution, à la fois pour institutionnaliser la bipolarisation des partis politiques, avec deux partis de gauche et deux de droite, tout au plus, et pour créer un Sénat de trente deux (32) membres; avec cette spécificité que, du fait de leur propension autoritariste, le parti conservateur soit remplacé, à Droite, par un parti centriste, et le parti communiste, à Gauche, par un parti socio- démocrate.

En effet, s'il y a des entités à créer à profusion, ce n'est point des partis politiques, car il est plus facile de s'entendre à quatre(4) qu'à cinquante(50), mais des fermes d'agriculture mécanisée, des fermes d'élevage de type industriel et des PME sous forme de société anonyme avec Conseil d'administration: et cela, grâce à une vigoureuse politique d'aide publique à la création d'entreprises financée par l'Etat dans le cadre d'une dynamique et fructueuse politique de coopération bilatérale.

Certes, la mauvaise foi étant la chose la mieux partagée par notre classe politique, certains n'hésiteront pas à conclure que je suis devenu l'avocat politique et aveugle du pouvoir actuel.

En réalité, ceux qui me connaissent bien et de longue date savent, notamment au Dialogue National, que je suis un homme de principe et que je ne défends et ne peux défendre que ce que je crois sincèrement bon, juste et/ou légitime pour mon pays, et c'est pour cela que j'ai connu la prison politique en tant que leader étudiant très tôt, à vingt quatre ans, puis l'exil. Mieux, c'est même pour cela que, convaincu de la remontée du Général KOLINGBA dans l'opinion, j'avais été obligé, lors des élections de 1999, de soutenir le Président PATASSE, qui n'est ni de mon ethnie, ni de ma région, ni de mon parti afin de barrer la route au retour au pouvoir du fondateur du RDC. Et cela, parce que j'ai toujours été pour le progrès et non pour la réaction, et non pour le retour en arrière.

De même, aujourd'hui, quelles que soient les lacunes et les fautes du régime actuel, le bon sens paysan de chez nous et les valeurs de la démocratie que nous avons adoptée et institutionnalisée nous commandent de laisser le Président élu qui, soit dit en passant, n'est pas le candidat de mon parti, gouverner en paix et en toute sérénité, de sorte que demain, si un autre candidat venait à être élu, éventuellement mon candidat, ou celui d'un autre, qu'il aie aussi l'assurance et la possibilité effective de gouverner en paix.

Il est donc clair et évident pour les vrais patriotes et les vrais démocrates que si le Président élu, qui se trouve être notre frère François BOZIZE, devait persister dans les erreurs en faisant confiance au FMI et à la Banque mondiale, en restant les bras croisés face au chômage, face aux braquages à Bangui et aux ZARAGUINA en province, en continuant à accumuler les arriérés de salaires, SON PATRON, qui se trouve être le peuple, donc les électeurs, va lui-même le virer, sans effusion de sang, lors des prochaines élections: en d'autres termes, pourquoi payer plus chère une voiture de luxe que l'on peut avoir moins chère avec un peu de patience?

Aussi, mes grands frères les Présidents KOLINGBA et PATASSE ayant montré leurs limites (la situation chaotique de notre pays en est la preuve la plus irréfutable), après dix (10) à douze (12) ans de pouvoir chacun, il est dommage qu'ils ne soient pas encore en mesure de faire preuve de magnanimité en demandant PARDON au peuple et en se retirant de la course à la Présidence de la République.

Dès lors, pour tous les patriotes et démocrates de ce pays dignes de ce nom, il est hors de question qu'ils reviennent au pouvoir : c'est dire que même dans le cas où le Général BOZIZE viendrait à échouer, l'alternance ne saurait être Ange Félix PATASSE ou André KOLINGBA, car la RCA a d'autres hommes à tester, notamment les POUZERE, les LAKOUE, les DONDON, les BENDOUNGA et les ZIGUELE, pour ne citer que ceux-là.

A ce propos, ce dernier, je veux citer Martin ZIGUELE, qui a réussi l'exploit de se doter très rapidement d'une stature nationale en accédant au deuxième tour de la dernière présidentielle aurait dû confirmer son attachement réel à la démocratie et sa stature d'homme d'Etat et de patriote en condamnant tout recours à la rébellion et même adresser un message de soutien et de solidarité aux troupes gouvernementales engagées au front dans le nord de notre pays, et cela, tout en leur demandant de prendre soins des populations civiles.

Là encore, comme la quasi-totalité des démocrates de ce pays, je me permets de suggérer au CSADN et au Comité des Sages de prendre langue avec ce dernier pour lui demander de le faire, car la consolidation et le renforcement de la démocratie dans notre pays sont à ce prix.

En fait, quand je soutiens que les Présidents KOLINGBA et PATASSE ne doivent plus chercher à revenir au pouvoir, ce n'est pas que je sois contre eux, mais c'est une question de principe. En effet, je suis simplement en train de proposer à la Nation la doctrine américaine qui veut que le Président qui s'en va ne revienne plus jamais, pour la simple raison que les êtres humains ne ravalent jamais ce qu'ils ont vomi, comme le font les chiens.

En effet, faut-il vraiment rappeler ici que les Etats-Unis d'Amérique, la plus puissante et la plus stable des grandes démocraties libérales, sur quarante trois Présidents, de George WASHINGTON (1732 -1799) à George W. BUSH de nos jours, n'en a connu qu'un seul qui soit revenu au pouvoir une seconde fois, à savoir Stephen Grover CLEVELAND (1837 - 1908) qui succéda à Chester ARTHUR ( le 21è) en devenant le 22è ( de 1885 à 1889) puis à Benjamin HARRISON ( le 23 è) en se faisant investir 24 è chef d'Etat américain, de 1893 à 1897? Et cela, dans des circonstances politiques et historiques particulières ?

En France, le pays de Rousseau, de Robespierre, Sieyès, Danton, Desmoulins, Marat, Saint-Just, Zola, Jaurès, A. Briand, Blum, Schoelcher, Mac-Mahon, Gambetta, Edgar Faure, Félix Faure, Mendès-France, P. Brossolette, J. Moulin, De Gaulle et Mitterrand, pour ne citer que ces illustres défenseurs de la liberté et de la démocratie, depuis le coup d'Etat de Napoléon 1er du 09 novembre 1799 qui mît fin à la période révolutionnaire, soit depuis plus de deux cents ans aujourd'hui, mais surtout depuis son retour de l'Ile d'Elbe pour s'emparer du pouvoir au détriment de Louis XVIII en 1815 pour cent (100) jours seulement, ce pays n'a plus connu de gouvernement issu d'un coup d'Etat ou d'une rébellion, en tout cas depuis la chute du second Empire en 1870 et la parenthèse de la commune de Paris en 1871; et la France, depuis lors, s'en porte de mieux en mieux: dès lors, pourquoi ne pas suivre ces exemples des Etats-Unis et de la France, pour ne citer que ceux-ci?

En Centrafrique, nous avons eu le malheur d'avoir le Président DACKO deux fois, nous avons eu la chance de n'avoir eu BOKASSA qu'une seule fois, même s'il faut reconnaître que ce dernier était malgré tout un grand bâtisseur: aussi, chacun doit, par patriotisme, veiller à ce qu'il n y ait pas non plus de KOLINGBA II ni de PATASSE II, du fait de leur bilan particulièrement désastreux.

Enfin, quand des compatriotes d'un certain niveau intellectuel qui ont, en plus, eu à exercer de hautes responsabilités politiques dans ce pays se permettent de dire, non pas seulement de penser, mais de dire, sans gêne, sans honte, que ce qui se trame dans le nord de notre pays ne les concerne pas, sous prétexte, pardon, sous le puéril et idiot prétexte qu'ils ne sont pas de cette région, je ne puis m'empêcher de penser à feu B. BOGANDA, chantre de la formation des Etats-Unis d'Afrique centrale, cette Afrique centrale balkanisée depuis 1960, et à sa Centrafrique qui pue la « somalisation », ce chaos global aux senteurs sadiques et cyniques, depuis 1996, en me disant, le cœur serré : PAUVRE BOGANDA ! PAUVRE CENTRAFRIQUE !

Tel est, incontestablement, l'intérêt national, du moins à mon sens, d'où la nécessité de créer, ensemble et le plus tôt possible, ce Front Populaire contre le recours au coup d'Etat et à la rébellion.

En vous remerciant d'emblée de l'intérêt et de l'attention qui seront réservés à la présente, je vous prie de bien vouloir agréer, madame la Présidente, l'expression de mes hommages les plus sincères.


Moammar BENGUE-BOSSIN




Moammar BENGUE-BOSSIN
 

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