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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 23:23
Théophile Obenga : le « Rebelle joyeux » lance un « Appel à la Jeunesse Africaine »
(Brazza.info 09/08/2007)


Les Editions Ccinia Communication viennent de mettre sur le marché le nouveau livre du Professeur Théophile Obenga. Le 31 juillet dernier, le patron des Editions Ccinia Communication, le Pasteur Mowhou Shebel, avait choisi le cadre du Centre d’Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) à la Maison de Radio France pour présenter à la presse le dernier livre du Professeur Obenga. Comme par hasard, le livre a été mis en librairie le 27 juillet 2007, un jour après que le Président français, Nicolas Sarkozy, ait lancé à Dakar son « Appel à la Jeunesse Africaine ». Troublantes ressemblances !

Assisté du doyen Abel Goumba Médiateur National de la RCA, de Henda Diogène Senny militant panafricaniste et du Pasteur Shebel, le Professeur Théophile Obenga, qui enseigne aujourd’hui à l’Université d’Etat de San Francisco en Californie aux Etats-Unis, a présenté avec des mots simples et l’humour légendaire qui le caractérise son « Appel à la Jeunesse Africaine ». Un appel lancé en direction d’une jeunesse africaine qui ne peut plus « vivre éternellement de « dons », de « cadeaux », de petits gestes généreux…, ». A ne surtout pas confondre avec « L’Appel » lancé le 26 juillet par Nicolas Sarkozy, à la jeunesse Sénégalaise, lors de sa mini tournée africaine !

Le mardi 31 juillet dernier au CAPE, le Professeur Théophile Obenga était très en forme. Humour décapant et propos sans complaisance, le Professeur Obenga a mis le doigt là où il fallait. Il a critiqué les rapports qui existent entre l’occident et le continent africain ; rapports qui depuis plusieurs siècles, n’ont jamais été à l’avantage de l’Afrique. Après avoir posé le diagnostic et relever ces incongruités, le Professeur Obenga n’a pas trouvé mieux que de plaider pour la mise en place « d’autres paradigmes ». Envisager d’autres paradigmes, parce que, dit-il, le paradigme actuel lie le continent africain à l’occident. Il plaide pour une révision des rapports du continent africain avec l’Occident. Il constate simplement que : « l’Occident se pose de lui-même comme un obstacle redoutable au développement de l’Afrique ». Tout est dit sans tabou. Dès les premières pages du livre, on est saisi par la profondeur du texte. On étouffe de toutes ces vérités distillées à doses homéopathiques.
Pour le Professeur Obenga, depuis le 14ème siècle, l’Afrique entretien une relation séculaire avec l’Occident qui est loin d’être en sa faveur. Il se demande : « Si les immenses ressources naturelles africaines, ne sont-elles que pour l’industrialisation et le développement de l’occident au sous-sol extrêmement pauvre ? » Si ce n’est pas le cas, y aurait-il encore un sens politique pour les africains de croire que leur salut « viendra de l’occident qui pompe le continent africain depuis le 13ème-14ème siècle ? ». C’est la raison pour laquelle, il lance cet « appel à la jeunesse africaine dont la peau est de plus en plus promise aux barbelés des routes de l’immigration ». (p.6). Un message qui s’adresse à une jeunesse qui a développé la philosophie du « jamais » ou du « peut-être » pour sortir de son dénouement matériel.

Cette philosophie de la galère résume l’état d’esprit des candidats à l’immigration qui pensent unanimement que s’ils restent en Afrique, ils ne s’en sortiront « jamais » à cause du chômage, de l’oisiveté et de l’état déplorable du continent en proie aux guerres civiles, aux maladies et autres endémies. Fort de ce constat, les jeunes africains se disent : « peut-être » qu’en prenant le risque de rejoindre l’Europe au péril de leur vie, ils auront « peut-être » plus de chance de s’en sortir que s’ils restaient sur le continent. Le choix d’embarquer dans des canoës de fortune à partir des côtes sénégalaises ou nord africaines, est légitimé par le fait qu’ils redoutent la vie dans leur propre pays. Le slogan de cette jeunesse détresse, devient : « L’Afrique, c’est jamais. L’Europe, c’est peut-être ».

Le Professeur Obenga est convaincu que « l’occident devient l’obstacle majeur et permanent au développement durable de l’Afrique Subsaharienne ». Pour lui, il serait illusoire de penser « que l’Occident ne peut pas et ne pourra jamais concevoir sérieusement le développement du Continent africain et y travailler en conséquence, en minimisant ses propres intérêts économiques et géopolitiques ». (p.20). Cet « Appel à la Jeunesse Africaine » du Professeur Théophile Obenga ne serait-il pas qu’un énième appel subversif à classer dans la catégorie des prises de position « politiquement incorrect » ?

Pour Théophile Obenga, dire la vérité n’est pas tant une mauvaise chose. Bien au contraire ! En occident, beaucoup n’attendent que ça ! Qu’on le leur dise ces vérités qu’ils aiment bien asséner aux autres. C’est tout le mérite de ce livre. A la vérité, lorsque Nicolas Sarkozy s’adresse, depuis le continent africain, à la jeunesse Sénégalaise en l’intimant l’ordre de se prendre en charge, cela choque-t-il ? Pourquoi Sarkozy et les dirigeants européens auraient-ils le droit de dire leurs vérités aux masses africaines, et l’élite africaine n’aurait pas le droit de le faire ?

Enoncer certaines vérités, interpeller la Jeunesse Africaine pour lui faire prendre conscience de son avenir, n’est pas une mission exclusivement dévolue à l’Occident. Dire la vérité à cette Jeunesse Africaine pour qu’elle sache là où elle met ses pieds sans que cet acte soit considéré comme subversif, c’est justement ce que le Professeur Obenga écrit dans son livre. Il dénonce les corrupteurs des pays du Nord que les corrompus des pays du Sud sans distinction. Pour lui, s’il y a des gens corrompus, c’est qu’il existe également des corrupteurs qui corrompent et pervertissent les africains. S’en suit, une attaque en règle contre la Banque Mondiale et le FMI, coupables à ses yeux d’avoir « volontairement placé la Jeunesse Africaine entre misère et pauvreté, incertitude et désarroi en déstabilisant froidement les pays africains, en imposant des programmes d’ajustement structurel, en créant des pays africains pauvres, endettés voire très endettés ». (25). Il demande que ces deux institutions internationales soient traduites devant les tribunaux pour leur rôle nocif : « La Jeunesse Africaine, force vive et levier fondamental, ne doit pas continuer de végéter dans l’esclavage voulu par des institutions internationales, véritables serpents de mer au travail ». (28).

« En prenant à témoin le monde, la souffrance actuelle de la Jeunesse Africaine doit donner naissance au terreau historique de la Renaissance Africaine, pour la construction de l’Etat fédéral africain continental », le Professeur B.Cardinali rend hommage à la lucidité du Professeur

Théophile Obenga qui porte un projet panafricain que beaucoup ont vite fait d’enterrer. « Appel à la jeunesse africaine » est un livre militant et engagé. Un livre pour une prise de conscience collective et citoyenne. Ecrit dans un style simple, même les mots qui fâchent sont doucereusement énoncés. A la lecture de la centaine de pages qui le compose, on a peine à croire que ce livre ne soit pas porteur d’espoir et d’effets prophylactiques chez ceux qui veulent entamer une thérapie de groupe, pour faire sortir l’Afrique de son marasme actuel.
« Appel à la Jeunesse Africaine » est un livre d’espoir. Il est à recommander impérativement comme livre de chevet à tous ceux qui veulent changer le paradigme actuel. Ne pas le lire, serait considéré comme une non assistance à Jeunesse Panafricaine en danger !



P.SONI-BENGA




Théophile Obenga :

« Appel à la Jeunesse Africaine »,

Collection Sambela, Editions Ccinia Communication.

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