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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 00:40



Simone Gbagbo : “L’Afrique doit crier la vérité ivoirienne”

Mme Simone Ehivet Gbagbo, a fait hier, au Palais de la Culture, une importance déclaration à la cérémonie d’ouverture du Colloque international sur le partriotisme ivoirien. Nous vous proposons l’intégralité de cette contribution d’une densité remarquable.

“Mesdames et Messieurs, avant de commencer, je voudrais que nous rendions hommage à un patriote qui est tombé. Je suis arrivée en retard à cette cérémonie parce que justement, j’étais à sa messe de requiem. Un grand cinéaste que vous connaissez. Je souhaiterais que nous nous levions et que nous respections, pendant une minute de silence sa mémoire.
Monsieur le président du Conseil économique et social, président de la cérémonie, Monsieur le président de l’Assemblée nationale, patriote ô ! combien détesté, Messieurs les présidents des Institutions, mesdames et messieurs les ministres, Excellences Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et représentants du corps diplomatique, mesdames et messieurs les élus, mesdames et messieurs les membres du conseil économique et social, mesdames et messieurs les responsables des partis politiques et mouvements démocratiques et organisations politiques. Monsieur le président de l’ONG phénix Côte d’Ivoire, monsieur le ministre Koffi Koffi, mesdames et messieurs les responsables des organisations démocratiques et des organisations patriotiques, distingués invités venus de l’extérieur, honorables invités, mesdames et messieurs, je voudrais en commençant, exprimer mon émotion, ma gratitude à Koffi Koffi et au responsable de l’ONG phénix, à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre, ont contribué matériellement, financement à la réalisation de ce colloque. Mais particulièrement à tous mes amis venus de l’étranger pour nous aider dans cette réflexion-ci sur le patriotisme en Côte d’Ivoire, mais principalement en Afrique. Merci. La Côte d’Ivoire vit une crise depuis maintenant trois ans et demi. Et je vous assure qu’il y a des moments où on est troublé par des questions. On se demande qui nous opprime. En Côte d’Ivoire, nous n’avons pas ce droit-là qui est reconnu à l’humanité toute entière d’avoir un bout de terre pour soi et de désirer défendre ce bout de terre pour soi, mais également toute sa descendance. Si nous avions bien fait d’ouvrir nos cœurs aux étrangers qui frappent à nos portes que nous avons reçus chez nous massivement, on est troublés. On se demande si on fait bien. Si on a fait bien. Si on a bien entendu et bien interprété la parole de Dieu qui dit: “Je vous donne la terre. Dominez- la, peuplez -la de vos enfants”. Qui dit: Je vous donne cette nation, gardez-la, cultivez-la, développez-la. Qui dit: Cette terre que je vous ai donnée ce peuple que j’ai placé dessus est votre peuple. A la tête de ce peuple, placez un des vôtres et non un étranger”. Qui dit: Dans votre nation, prévoyez des villes où vous allez recevoir les étrangers pour les aider, pour les combler de votre amour, pour qu’ils puissent bénéficier de vos biens, des biens que je vous donne, pour les aider à survivre”. Qui dit: Ouvrez vos portes aux veuves et aux orphelins”. Qui dit: Cette terre que je vous donne, ce monde que je vous donne et eh bien faites en sorte qu’il y règne la justice. Qui dit: Vous n’êtes pas des sauvages, vous êtes des hommes créés à mes plumages. Et pour vivre sur cette terre en communauté, donnez votre loi, respectez-les, formez vos jeunes, instruisez-les à ces règles morales”. Et lui-même a pris le soin d’éditer un certain nombre de lois. Il a dit: vous ne tuez point”. Il a dit: “Vous ne convoiterez point le bien d’autrui. Il a dit: “Aimez-vous les uns les autres”. Quelquefois nous nous posons ces questions: est-ce que les Ivoiriens doivent faire exception dans cette humanité, devenir un peuple singulier, un peuple qui n’a pas le droit d’avoir un territoire, qui n’a pas le droit d’avoir sa souveraineté, qui n’a pas le droit d’élever lui-même ses propres lois et les respecter et qui n’a pas le droit au respect des autres communautés?
Frères, sœurs, vous êtes venus. Vous êtes venus nombreux pour nous aider non pas à répondre à ces questions parce que nous savons déjà les réponses. Ces réponses sont inscrites dans notre cœur, mais vous êtes venus pour nous aider à faire entendre notre voix. Peut-être que cette voix-là, on ne peut plus l’entendre en Europe. Peut- être que cette voix-là, on ne peut plus l’entendre à New York, à l’ONU. Mais, en Afrique, dans notre Afrique, est-ce qu’on n’entendra pas cette voix-là. Est-ce qu’on n’entendra pas la voix de la Côte d’Ivoire patriotique? Est-ce qu’on n’entendra pas la voix de la Côte d’Ivoire souveraine? Est-ce qu’on n’entendra pas la voixde la société ivoirienne? Vous êtes là. Merci d’être là. Les jeunes patriotes, merci d‘être des patriotes. Merci parce qu’aujourd’hui, être patriote, c’est être citoyen. Aujourd’hui, être patriote en Côte d’Ivoire, c’est être apôtre de la justice. Aujourd’hui, être patriote en Côte d’Ivoire, c’est être militant de la vérité. Aujourd’hui être patriote en Côte d’Ivoire Messieurs, Mesdames, mes frères et sœurs venus de l’étranger, être patriote en Côte d’Ivoire est tout simplement être un combattant pour la dignité pour l’Afrique entière. Nous allons réfléchir. Beaucoup de patriotes nous ont quitté mais le sang qui a été versé en Côte d’Ivoire, ce sang-là crie vengeance. Et c’est comme ça. C’est comme le sang d’Abel. Lorsqu’il a été versé, il a crié vengeance, parce que c’est le sang d’un juste. Quand le sang d’un juste est injustement versé, ce sang-là crie obligatoirement vengeance. Mais, c’est nos actes, nos décisions, nos propos qui peuvent calmer. C’est la manière dont nous qui demeurons, nous nous battons pour faire éclater la vérité, c’est de cette manière que nous pouvons faire taire ce cri de vengeance et ramener la paix, ramener la tranquillité, ramener la quiétude, ramener l’amour dans notre pays. Nous voulons compter sur vous pour que cet acte hautement spirituel, vous nous aidiez à l’accomplir aujourd’hui, pour que la paix revienne en Côte d’Ivoire. Il faut que l’Afrique crie la vérité ivoirienne. Nous ne comptons pas sur les Européens, nous ne comptons pas sur les Américains, nous ne comptons pas sur les Asiatiques, mais nous avons le droit de compter sur l’Afrique pour que cette vérité éclate aux yeux du monde entier, pour que les Etats africains arrêtent de bégayer, de balbutier, pour que les lynchages médiatiques que la Côte d’Ivoire connaît, que d’autres pays ont connu en Afrique, que ce lynchage s’arrête. Il y va de la sécurité de la Côte d’Ivoire, il y va de la paix de la Côte d’Ivoire, mais je peux vous assurer qu’il y va de la sécurité de toute l’Afrique, y compris des pays qui sont déjà passés par-là. Les Blancs savent s’entendre quand l’un d’eux est en danger, mais nous les Africains… C’est grâce à ce conflit que la Côte d’Ivoire vit depuis quelques années que nous devions apprendre à nous soutenir par des actes, juste dire la vérité sur la crise ivoirienne. Pour moi, l’intérêt de ce colloque réside en cela. Qu’ensemble nous puissions, au cours de cet atelier, à la fin de ce colloque, produire des documents, exprimer des pensées fortes comme on l’a attendu tout à l’heure. C’est notre part d’actions, par nos témoignages comme tout à l’heure, nous l’avons entendu du grand Laurent Dona Fologo. Il passe de tribunes en tribunes pour faire son témoignage. Ce qu’il a dit toute l’heure, je l’ai déjà entendu de sa bouche, et il le dit toujours avec la même sincérité, avec la même force, avec la même puissance parce que ça sort de son cœur. Il faut que nous soyons capables en Afrique, non seulement d’être les témoins, mais décrire les faits et de porter témoignage. En Côte d’Ivoire, nous en avons besoin. Et mon souhait, c’est que ce colloque nous permette de rassembler des discours et des discours, des textes, et des textes mais également des documents filmés que nous allons pouvoir inonder dans le monde entier pour la manifestation de la vérité ivoirienne pour sauver l’Afrique toute entière. Je voudrais, avec votre permission, déclarer ouvert ce colloque sur le patriotisme africain avec le cas particulier du patriotisme ivoirien. Bon travail, bonne réflexion. Que Dieu lui-même vienne éclairer votre intelligence et vous donne la force, la puissance de réflexion, la sagesse. Et qu’il arme vos bouches, vos intelligences, vos cœurs pour donner à la fin de ce colloque la clé pour sauver l’Afrique toute entière. Je vous remercie”.



Propos recueillis par Allan Aliali allanaliali2005yahoo.fr



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