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2 mai 2006 2 02 /05 /mai /2006 15:45

BOZIZE RENCONTRE LES MAGISTRATS EN GREVE




Ces derniers temps, la grève illimitée déclenchée par les magistrats sur toute l'étendue du territoire national a eu pour conséquence la suspension des audiences des cours et tribunaux. Ledit débrayage a été largement relayée par la presse nationale et internationale. Les stratégies adoptées par les grévistes consistaient à organiser des assemblées générales suivies des sit-in devant la cour d'appel. Le bureau de l'Amicale des Magistrats Centrafricains (AMCA) a même fait diffuser un communiqué demandant à leurs confrères affectés dans les provinces de descendre urgemment à Bangui afin de se joindre au mouvement afin de réfléchir ensemble sur les stratégies de lutte syndicale à adopter pour faire aboutir leurs revendications. Car, l'union fait la force. Ils ont utilisé à outrance les médias pour parvenir à cette fin. C'est ainsi que, le magistrat Sylvain Nzas est intervenu sur les antennes de la Radio Ndéké Luka pour dénoncer les manœuvres dilatoires du gouvernement plus précisément le ministère de la justice qui semble méconnaître leur mouvement de grève qui est pourtant légitime. C'est à la suite de cette intervention que le président de la République a décidé de rencontrer les grévistes au palais de la Renaissance en présence de la presse publique et privée pour débattre de la question avec les auteurs de ce débrayage qui commence à fragiliser sérieusement le fonctionnement de l'administration judiciaire.
Y prenaient part le premier ministre Elie Doté, le ministre de la justice, garde des sceaux Paul Otto et le ministre délégué aux finances et au budget Nicolas Nganzé-Doukou. François Bozizé en sa qualité de président des organes de gestion de la carrière des magistrats voudrait en savoir davantage sur les raisons de cette crise.
La parole a été donnée au magistrat Sylvain Nzas qui a fait la genèse de la situation qui a conduit les magistrats centrafricains à observer une grève illimitée depuis le 18 avril 2006.
En effet, en date du 2 février 2002, un décret a revalorisé la grille indiciaire des salaires des magistrats sans exclusive. Ce texte a été promulgué par la loi relative au projet du collectif budgétaire. En 2003, le ministre délégué aux finances a donné des instructions à ses services compétents pour l'application immédiate de la loi en ce qui les concerne mais rien n'est fait à ce jour. Les intéressés au bout de la patience sont obligés de se mettre en grève pour réclamer des explications au gouvernement qui ne s'exécute pas encore. Est-ce la mauvaise foi qui est orientée contre les magistrats centrafricains s'interroge, Sylvain Nzas.
Le chef de l'Etat n'a pas du tout apprécié la démarche entreprise par les magistrats pour médiatiser ce mouvement qui est curieusement politisé. Pourtant, il a promis à ceux-ci une rencontre régulière pour traiter des problèmes liés à leur profession et surtout les difficultés éprouvées par la magistrature. Mais en raison de certaines contingences notamment les affaires Kapita/Sanzé, la rébellion au Nord et le Soudan, la fréquence des rencontres n'est pas respectée. Le président François Bozizé visiblement courroucé s'en est pris sans circonspection aux magistrats qu'il a traités de brigands. Il les assimile aux intellectuels qui sont la cause des malheurs de la République Centrafricaine. Car, ils connaissent mieux la situation catastrophique du pays mais contribuent à le détruire, à s'imposer à son évolution. Le gouvernement évolue dans le bon sens donc, ne brisons pas son élan. Il s'étonne que les magistrats qui sont le rempart du peuple s'illustrent par des agitations. Parmi les interventions, il convient de retenir celle du premier ministre Elie Doté qui se dit disposé à étudier les propositions faites par les magistrats dans le cadre du moratoire signé au cours des négociations avec les syndicats l'année dernière. En clair, des négociations seront ouvertes dans les prochains jours par le gouvernement avec les grévistes pour trouver des solutions acceptables.
En ce qui concerne, les revendications, il dit que les magistrats jouent aux grévistes et aux brigands et c'est bien dangereux et écoeurant. Les magistrats attendent justement l'arrivée de la mission du FMI la semaine prochaine à Bangui pour s'agiter et donner l'impression que le pays va mal. Compte tenu de la tension de trésorerie, le gouvernement n'est pas en mesure de répondre valablement aux revendications des magistrats. Par contre, un comité a été mis en place pour étudier les possibilités d'un déblocage de salaires restés stationnaires depuis 1985. Il invite les magistrats à s'associer à ce comité pour accélérer le processus afin de produire un travail qui puisse être apprécié par tous. En attendant, le chef de l'Etat demande à tout le monde de se remettre au travail qui libère de la pauvreté et de la misère. D'ailleurs, c'est même le sens profond de la philosophie de Kwa Na Kwa qu'il prône depuis l'avènement du 15 mars 2003, date de sa prise de pouvoir.
Après cette rencontre, les magistrats se sont retrouvés en assemblée générale pour mettre en place un comité de rédaction d'un communiqué de presse en guise de réponse aux injures publiques de François Bozize à l'encontre des magistrats.


Marcel Dexter Gazikolguet


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