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31 mai 2006 3 31 /05 /mai /2006 02:32
Affaires « Bemba-Kimbembe, 32 mercenaires et Ghislaine Dupont » : Le Gouvernement au bord de l’éclatement / L’arroseur arrosé
(Le Potentiel 30/05/2006)


Trois événements ont marqué dernièrement l’actualité nationale Il s’agit de la plainte du vice-président de la République en charge de l’Economie et des Finances contre le gouverneur de la ville de Kinshasa. Ensuite, de l’arrestation-expulsion de 32 mercenaires, et enfin du refus de l’accréditation de la correspondante de Rfi à Kinshasa. Trois faits qui touchent directement le gouvernement mais aucun communiqué officiel de l’Exécutif n’a été enregistré jusqu’à ce jour. Silence en ce qui concerne le cas « Bemba-Kimbembe » ainsi que celui des «32 mercenaires». Dans le second cas, le poids de l’affaire a été laissé au seul ministre de l’Intérieur. Désaccord total entre le vice-président de la République en charge de la Politique, défense et sécurité et le ministre de la Presse et Information en ce qui concerne l’accréditation de la correspondante de RFI. Que se passe-t-il ? Signes des temps ?

L’interprétation donnée à l’arrestation de l’Archbishop Fernando Kutino a obligé JP Bemba, vice-président de la République en charge de l’Economie et Finances à porter plainte contre le gouverneur de la ville de Kinshasa, Kimbembe, pour imputations dommageables. Or, ces deux personnalités sont membres de l’Exécutif, quoiqu’à divers échelons. Si problème il y a, la logique voudrait que le gouvernement soit saisi au préalable avant toute réaction individuelle. Surtout que Jean-Pierre Bemba est le chef hiérarchiquement reconnu de Kimbembe. Malheureusement, cette voie n’a pas été empruntée et l’affaire a été personnalisée. Un peu comme si Chirac portait plainte contre Delanoe, le Maire de Paris, alors que tous deux sont en fonction. C’est de un.

De deux. Il y a l’affaire des 32 mercenaires accusés de tenter de renverser les institutions de la République. Cette affaire s’est clôturée de la même manière qu’elle a été annoncée. C’est-à-dire, sous l’effet de surprise et du doute. Jamais, on ne saura exactement ce qui s’est réellement passé. Il n’y aura jamais de procès en bonne et due forme.

La surprise est d’autant plus grande qu’en aucun moment, le gouvernement ne s’est réuni pour se prononcer et statuer sur cette affaire. Il n’y a jamais eu de communiqué officiel de la part de l’Exécutif. Tout s’est passé comme si cette affaire ne concernait que le ministre de l’Intérieur. Aussi, devrait-il l’assumer, « seul », jusqu’au bout. Pour preuve, le vice-président de la République en charge de la Politique, défense et sécurité s’est déchargé sur lui, affirmant que le gouvernement ignorait alors qu’il était en réunion pendant qu’on rendait publique une affaire aussi grave liée à la stabilité des institutions de la République.

Et comme s’il fallait en finir le plus tôt que possible avec une affaire qui commençait à coller à la « peau du gouvernement », le ministre de l’Intérieur a annoncé l’expulsion de ces mercenaires après « concertations avec les gouvernements de le leur pays » (Sic). En d’autres termes, une belle voie de sortie pour un « dossier encombrant » désormais classé sans suite.

Enfin, l’affaire Ghislaine Dupont met à nu le dysfonctionnement du gouvernement. En effet, à en croire Radio Okapi, le ministre de la Presse et Information et reproche à la correspondante de RFI d’avoir violé les règles administratives de la Rdc. Pendant une semaine, elle s’est permise d’œuvrer en Rdc en marge des règles administratives. D’où son accréditation pose problème.

Mais le vice-président de la République, Me Azarias Ruberwa n’est pas du tout de cet avis. Il parle d’une « entorse » contre la démocratie avant de relever que s’il y a eu « violation des règles administratives », la Commission Politique, Défense et Sécurité siégeant sur cette question, a autorisé son accréditation. Si tel serait le cas, il y a eu insoumission de la part du ministre, membre de cette même commission. A moins que celui-ci n’ait pas été saisi officiellement par la Commission. Et même dans ce cas, il y a dysfonctionnement au sein du gouvernement, ce qui est un fait totalement regrettable et porteur des germes de l’éclatement de l’Exécutif.

LA LOGIQUE DES COMPOSANTES : L’ESTOCADE

Les coups tordus que nous observons ces derniers jours, tout ce duel des tranchées ne sont que la conséquence de cette logique des Composantes et Entités. Dès son installation, le gouvernement a souffert de ce manque de cohésion et d’harmonie, toujours à cause de cette logique assassine des Composantes et Entités. L’inefficience du gouvernement découle toujours de cette fameuse logique qui, aujourd’hui, pousse l’Exécutif vers l’éclatement.

Alors qu’il était dit que les membres du gouvernement devraient plus se considérer comme homme d’Etat et non membre de leur composante ou entité, c’est le contraire qui s’est produit. Qui ne se souvient pas du cas «chef de l’Etat-le ministre Nimy » ? C’était le premier accroc. Cette logique avait même pollué l’environnement au sein de l’armée lorsqu’il a été question de l’arrestation du Major Kasongo. Le Rcd avait menacé de quitter le processus de transition. Ceci dit, la logique des composantes et entités a porté l’estocade sur la cohésion qui doit exister au sein de gouvernement. Il y a risque d’éclatement.

MAUVAIS PRESAGE POUR LES ELECTIONS

Tous ces coups tordus, disions-nous, se produisent à la veille des élections. Or, par ces temps qui courent l’environnement politique est pollué avec ce langage pervers, ces insanités débitées à longueur de journées dans les médias, sans oublier ce discours de la haine et de mensonge.

Tous ces faits ramassés constituent un mauvais présage pour le bon déroulement des élections. Et lorsque l’on sait que tous les membres du gouvernement sont candidats à différents échelons électoraux, il est fort probable que cette animosité s’accentue davantage si les acteurs politiques ne s’imposent pas une retenue. Déjà le dysfonctionnement observé au sein de l’Exécutif se répercute sur la gestion des affaires publiques. Or, dans cette organisation que l’on veut transparente, le gouvernement a une grande part de responsabilité. Il est temps que l’on arrête la dégradation de la situation pour un climat apaisé lors des élections.




Affaire de trente-deux mercenaires : l’arroseur arrosé


Si le ridicule pouvait tuer en République démocratique du Congo, il y en a qui le seraient à la suite de la rocambolesque affaire de trente-deux mercenaires dont les tabloïds de Kinshasa ont fait leur choux gras. Si le sens de l’honneur et de la dignité était le fort des hommes politiques congolais, il y en a qui auraient tout simplement rendu le tablier. Sans attendre un seul instant. Malheureusement, il pourrait ne pas en être le cas. Et la vie va continuer comme si de rien n’était…

Annoncée avec tambour et trompette mardi 23 mai 2006, l’affaire de mercenaires dans laquelle étaient impliqués dix-neuf sud-africains, dix nigérians et trois américains, s’est terminée comme elle avait débuté. Dans un climat où le doute s’est mêlé à la perplexité. Voire même à de haut-le-corps si ce n’est de haut-le-cœur.

UN FEUILLETON QUI S’EST TERMINE…

On a toujours dit que les premières impressions ont toujours été les meilleures. La maxime semble s’être confirmée dans ce dossier que bon nombre de personnes n’ont pas hésité à qualifier de « roman-feuilleton ». « Un canular », voilà ce qu’on en avait dit tout au début alors que le ministre de l’Intérieur annonçait la « troublante » nouvelle de l’arrestation à Kinshasa d’une trentaine de mercenaires. Et c’est bien ce sentiment qui semble avoir prévalu, du jour de la présentation de trente-deux « affreux » jusqu’à leur expulsion du Congo le week-end dernier même si le ministre de l’Intérieur s’est échiné à détailler les épisodes de ce feuilleton.

Selon la révélation faite par le ministre, tout est parti en effet du mois de mars 2006. A l’en croire, « ces mercenaires étaient employés par une société de gardiennage dénommée Omega ». « Ils changeaient régulièrement de résidences, a-t-il déclaré le jour de leur présentation au public. Chaque fois, ils prenaient des véhicules en location, demandant aux chauffeurs de prendre une série de précautions : éteindre leurs portables cellulaires pour éviter tout contact avec les membres de leurs familles, fermer les portières de voitures et garder le moteur toujours en marche, prêts à filer en trombe ». « Pendant deux mois, a-t-il révélé, les services ont filé ces suspects et ont démasqué leurs lieux de planque situés dans trois résidences : la première en face de Beach Ngobila dans l’immeuble du Centre médical de Kinshasa (Cmk), appartement 14 ; la deuxième résidence localisée au rond-point Socimat sur l’avenue Milambo n°16, commune de la Gombe tandis que la troisième demeure a été repérée en face du camp Tshasthi, au croisement des avenues Lufungula n°3 et Paulusi, commune de Ngaliema ».

Toujours selon le ministre, « c’est le 19 mai que les services ont procédé aux interpellations, à raison de 17 suspects à la résidence Socimat, 11 au quartier Ozone, 1 dans l’appartement n°14 dans l’immeuble Cmk, et 3 à Matadi et Boma. Au total, la Police a appréhendé 32 mercenaires présumés que la Commission d’enquête dit être des militaires de formation et de profession, venus fraîchement d’Irak. Avec une mission politique et militaire – déstabiliser les institutions de la place et perturber le processus électoral – et une autre liée à l’espionnage», selon la même source.

…COMME IL A DEBUTE

Mais il faut noter que, malgré la version de faits donnée par le ministre de l’Intérieur, l’opinion, aussi bien nationale qu’internationale, est restée sur sa soif d’en savoir un peu plus sur cette étonnante affaire. Et là où l’on a parlé de « joli coup de filet », l’opinion a fait une autre lecture des événements, faisant valoir par conséquent la thèse d’un montage. Pas étonnant, dans ces conditions, que les réactions soient venues de partout. Principalement des pays dont les ressortissants y étaient impliqués. En l’occurrence l’Afrique du Sud, les Etats-Unis et le Nigeria, innocentant leurs ressortissants. La société de gardiennage Omega a répliqué dans le même sens. Dans l’entre-temps, aux Affaires étrangères belges on indiquait qu’ « il n’y avait aucune indication sérieuse qu’il existe une raison de penser qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat à Kinshasa ». Le Comité d’accompagnement de la transition (Ciat) de son côté a dénoncé le coup monté, mettant en garde contre toute politisation de cette cocasse affaire. La classe politique congolaise, dans son ensemble, a embouché la même trompette, parlant d’ « une histoire boutiquée par une composante », « d’une énième manifestation de la culture du mensonge », appelant d’ « éviter le ridicule éventuel face à l’opinion ».

Dans tous les cas, jusqu’à l’« évacuation » desdits « mercenaires », aucun élément n’est venu balayer cette dernière version. On a plutôt assisté à un silence radio de la part de ceux qui devraient fixer les uns et les autres sur une affaire qui s’en est allée en eau de boudin. Cependant que dans l’opinion, on parlerait déjà de l’arroseur arrosé…
Par Marcel lutete

© Copyright Le Potentiel

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