Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 mai 2006 3 31 /05 /mai /2006 02:38

Joseph Kabila : "Si je perds, je ferai autre chose. Je travaillerai dans le secteur privé."
(Afriqu'Echos Magazine 30/05/2006)



Joseph Kabila ne donne pas l’impression d’être hanté par l’élection présidentielle. L’issue de la compétition a beau s’annoncer indécise, le chef de l’Etat affiche sa sérénité. "Si je perds, assure-t-il, je ferai autre chose. Je travaillerai au développement de mon pays dans le secteur privé." Ce détachement inattendu résulte sans doute moins des épreuves du temps sur un chef d’Etat encore jeune - il n’a que 35 ans - que d’un certain dilettantisme.

Arrivé à la tête du pays par hasard, au lendemain de l’assassinat de son père, en janvier 2001 - le pouvoir "m’est tombé dessus", confiera-t-il un jour -, le général-major Joseph Kabila exerce son métier sans tout lui sacrifier. Il continue à faire de la moto, son passe-temps favori - "pas assez souvent malheureusement" -, protège jalousement sa vie privée (alors que Kinshasa bruisse de son prochain mariage) et il reste un admirateur de feu son père ("il a combattu Mobutu dès les années 1960"). Plus surprenant, le président congolais, chouchouté par les Occidentaux, place aussi dans son panthéon personnel le révolutionnaire Che Guevara.

Pour le reste, Joseph Kabila observe d’un peu loin le cours des événements. A entendre ce chef d’Etat qui porte beau, tout va bien. "Je m’étais engagé à réunifier le pays et à le pacifier. C’est chose faite sur la quasi-totalité du territoire. Le dialogue entre Congolais aussi est une réalité. En matière économique, le retour de la croissance est incontestable et nous avons le soutien des bailleurs de fonds. Enfin, il y a les élections promises et qui arrivent. Demain, ajoute-t-il, le Congo sera un modèle pour l’Afrique tout entière."

La corruption qui gangrène l’Etat jusque dans les hautes sphères, les haines mortelles entre responsables politiques qui réduisent à peu de chose le travail du gouvernement de cohabitation, les difficultés à créer une armée nationale à partir de groupes rebelles qui se sont affrontés durement, la mauvaise humeur du Fonds monétaire international (FMI) qui vient de stopper son aide budgétaire... Aucun de ces maux, aucune de ces surprises déplaisantes n’entame la bonhomie du chef de l’Etat.

Recevant, à la mi-mai, un journaliste du Monde à l’ombre d’un vieil arbre, dans le jardin de sa résidence privée, sur les bords du fleuve Congo, Joseph Kabila affiche la mine réjouie de celui qui pense avoir rempli son contrat sans avoir eu à trop forcer son talent. C’est donc décidé : il fera campagne sur le thème de "la stabilité et de la paix retrouvée". "Un Congo nouveau est en train de naître. Il faut continuer la tâche et redonner espoir au peuple. Il en a besoin. C’est plus important que les discours des politiciens", dit-il d’une voix égale.

Rien ne paraît devoir perturber le calme du jeune chef de l’Etat. Evoque-t-on les interrogations sur sa nationalité colportées par certains de ses adversaires au risque de monopoliser la campagne électorale ? "Plus congolais, plus patriote, plus nationaliste que moi, vous ne trouverez pas. Je ne suis pas inquiet. Comme dit notre proverbe : "On ne jette de pierres que sur un arbre qui porte des fruits." Ceux qui agitent ce type d’arguments le font faute de pouvoir présenter un bilan ou un programme", rétorque-t-il. Et d’ajouter, elliptique : "Il y a plus grave. Dans certaines provinces du pays, des poussées xénophobes existent, attisées par des politiciens, ici, à Kinshasa. Ceux qui tentent de diviser le peuple risquent de faire sauter la maison de l’intérieur. La justice sera obligée de s’occuper d’eux."

Lisse comme un galet, le président candidat se veut irréprochable. Il est disposé à venir s’expliquer sur ses années de guerre pour tordre le cou aux rumeurs qui en font un criminel passible de la Cour pénale internationale. Rendre public son patrimoine - "une fois élu" - ne le dérange pas. Quant aux chefs d’Etat africains qui n’aspirent qu’à se succéder à eux-mêmes, le fils de Laurent Kabila ne rejoindra pas leurs rangs. "Moi, je ne le ferai jamais", jure-t-il. Il lui faut en priorité être élu en juillet.| Jean-Pierre Tuquoi, Envoyé spécial (Le Monde) à Kinshasa

Partager cet article
Repost0

commentaires

Texte Libre

Recherche

A VOS PLUMES