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21 avril 2007 6 21 /04 /avril /2007 12:31

Christophe GAZAM-BETTY des Forces républicaines nouvelles donne son point de vue sur l'état de la RCA

 

 

 Christophe GAZAM-BETTY   Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?

Citoyen centrafricain, je porte le nom de Christophe GAZAM-BETTY. Marié, père de trois (3) enfants, j'ai exercé des responsabilités au sein de la haute fonction publique nationale, entre autres, en qualité de Ministre de la Jeunesse , des Sports et de la Culture ainsi que d'Ambassadeur de la Centrafrique auprès de la République Populaire de Chine.

Confronté à la déliquescence des structures de l'Etat dans mon pays, aux graves atteintes aux droits de l'homme, à la mise à mal des valeurs républicaines et démocratiques par la volonté du Général François BOZIZE et les thuriféraires de son régime, j'ai décidé avec plusieurs compatriotes d'entrer en RESISTANCE. A ce jour, j'assume donc la coordination des Forces Républicaines Nouvelles (FRN) plate-forme de concertation stratégique des organisations en lutte multiforme contre le régime au pouvoir à Bangui.

Quelle analyse faites-vous de la situation politique en République Centrafricaine ?

La République Centrafricaine traverse l'une des périodes les plus négatives et dangereuses de son histoire politique. Alors que les élections libres et transparentes de 1993 ont permis au pays de faire son entrée dans le cercle des Etats africains réellement en voie de démocratisation et engagés dans le combat exaltant de lutte contre la pauvreté et pour le développement ; la rébellion et le coup d'Etat du Général François BOZIZE du 15 mars 2003 a mis un terme à ce processus. Aujourd'hui, la situation qui prévaut en Centrafrique correspond à ce qu'on pourrait qualifier de retour à « l'ancien régime » avec ses corollaires : l'autocratie, les arrestations arbitraires des citoyens, les emprisonnements et tortures d'opposants politiques, la tribalisation de l'administration civile et militaire, la pratique de crimes massifs à l'endroit de populations civiles supposées hostiles au pouvoir, par exemple les incendies des maisons à Bangui, à Paoua, à Birao par les éléments paramilitaires de la sécurité présidentielle, le musellement des organisations syndicales et des partis politiques de l'opposition par la terreur et la violence physique, le règne de la prédation économique et financière au plus haut sommet de l'Etat.

D'autre part, l'Etat centrafricain n'existe que de nom. Notre pays a perdu le peu qui lui restait de souveraineté nationale avec la rébellion et le coup d'Etat du 15 mars 2003. Depuis cette date, la République centrafricaine est occupée par des forces armées étrangères conventionnelles et non-conventionnelles, la gestion politique du pouvoir se fait en dehors du peuple centrafricain. C'est au sein d'un réseau impliquant des responsables politiques et militaires des pays tels que le Tchad, le Gabon, le Congo, la France , etc. que le présent et l'avenir de la Centrafrique se décident !

Ainsi, les Centrafricains assistent désabusés et inquiets à une régression totale des acquis des luttes démocratiques et patriotiques des années 90. En 4 années de règne, le Général BOZIZE a fait 10 fois pire que tous les précédents présidents réunis.

Qu'en dites-vous de l'accord signé à Birao entre le régime de Bangui et les rebelles ?Beaucoup pensent que cet accord est sans lendemain.

La Résistance nationale s'est fait violence pour cet accord militaire qui est un compromis opératoire et non un accord de paix. Les responsables de la Résistance ont voulu par cet acte donner la possibilité au pays pour le démarrage du dialogue politique global et inclusif sous une médiation internationale.

Malheureusement, à la lumière des dernières informations en notre possession, il semble que le Général BOZIZE et ses plus proches conseillers claniques envisagent seulement d'utiliser cette signature d'accord à Birao comme preuve virtuelle de leur « bonne volonté » auprès de la communauté internationale. Ceci dans le but inavoué de desserrer l'étau des pressions de plus en plus fermes de cette dernière sur leur régime. Mais ce que semblent oublier le Général BOZIZE et les siens, c'est que certains membres de la communauté internationale commencent à s'impatienter et ils n'entendent plus faire l'impasse sur les responsabilités directes du régime dans les derniers crimes de guerre à l'encontre de populations civiles commis particulièrement à Paoua et à Birao.

Je voudrais aussi faire remarquer que depuis la signature de l'accord de Birao, aucun acte concret, comme par exemple la libération des membres de la Résistance emprisonnés à Cotonou (Bénin) ou encore l'annonce d'ouverture officielle du dialogue politique n'a été posé par les tenants du régime. Donc, chacun en tirera les conséquences. Ce qui est sûr et certain, la Résistance ne peut envisager le désarmement de ses unités combattantes qu'après le dialogue politique et la mise en application des mesures globales qui seront collégialement retenues, notamment la présence des troupes étrangères, les réformes institutionnelles en vue d'une re-légitimation du pouvoir, les conditions d'une gouvernance transparente et équitable, etc.

Enfin, il est important de retenir que les accords de Syrte comme ceux de Birao n'ont pas abordé les fondamentaux de la crise nationale c'est-à-dire les problèmes liés à la gestion de l'Etat et de la nation centrafricaine. Ceci pour vous dire que l'entrée légitime en résistance armée ne se résume pas en termes de solution par le règlement des problèmes catégoriels, à savoir les distributions de galons aux soldats, l'énoncé d'une amnistie, les embrassades et le partage de pot de l'amitié. L'accord de Birao n'est qu'un premier pas, une ouverture, il faut donc bien se garder d'abuser de la presse en parlant d'accord de paix. C'est une fois de plus, une manipulation médiatico-politicienne du Général BOZIZE.

La politique du « ralliement/étouffement » des leaders de l'opposition politique et militaire pratiquée depuis longtemps au Tchad par le président Idris DEBY semble être aujourd'hui l'option stratégique adoptée par le Général BOZIZE. C'est dans ce sens qu'en signant ces deux accords militaires il pense pourvoir se tirer d'affaire face à la Résistance nationale. Mais, c'est une grave erreur de sa part. La Centrafrique n'est pas le Tchad même si ces deux pays ont des liens humains et historiques séculaires.

Lors de sa visite à Bangui, le secrétaire général adjoint des nations unies a tiré la sonnette d'alarmes sur les conditions de vie des habitants du nord, notamment de Paoua qui vivent dans la brousse comme des animaux sauvages,quelle est votre réaction à ce sujet ?

La situation décrite tant à Bangui lors de sa conférence de presse que dans son rapport de mission fait au siége des Nations Unies à New York par Monsieur John HOLMES, Secrétaire général adjoint de l'ONU est le condensé du bilan du régime de BOZIZE. C'est le résultat de ce que certains intellectuels et hommes politiques aveuglés par les attraits du pouvoir ont qualifié abusivement de « sursaut patriotique » ou encore de « libération » du 15 mars 2003. Le régime instauré en Centrafrique depuis plus de quatre années est le plus pire en terme d'atteintes graves aux droits de l'homme qu'ait connu le pays. Que de succession d'actes criminels, de crimes de guerre ! La communauté internationale a manqué de discernement et de vigilance à l'égard de ce régime issu d'un coup de force. Le despotisme et la mise au pas de toute opposition démocratique, l'acquisition de grandes quantités d'armes de guerre et la militarisation outrancière du régime grâce aux maigres ressources financières du pays, dont les crédits, aides et dons accordés par cette même communauté internationale n'ont suscité aucune indignation. L'aggravation de la paupérisation des populations ajoutée à la dissémination d'armes de guerre par le régime à travers tout le pays a transformé la Centrafrique en une véritable poudrière.

Le Collectif des Officiers Centrafricains Libres, organisation membre de la Résistance nationale, par la voix de son porte-parole, le commandant HASSANE Justin a demandé dans un Communiqué rendu public au mois de février dernier qu'un embargo sur les armes en Centrafrique soit décrété par l'ONU. Hélas, cet appel venant d'un officier supérieur centrafricain est demeuré lettre-morte. On préfère continuer à nous parler d'une prétendue conséquence de la « guerre du DARFOUR » sur la Centrafrique alors que la crise dans notre pays est endogène et que le Général BOZIZE et ses différents soutiens extérieurs en sont la cause et la solution. Ce que l'on ne veut pas voir ou dire sur la crise actuelle en Centrafrique au niveau de la Communauté internationale, c'est que toutes les unités combattantes de la Résistance nationale se sont servies et continueront de se servir dans les multiples dépôts d'armes de guerre disséminés sur l'ensemble du territoire national par le Général BOZIZE et non au DARFOUR où le Général Omar BECHIR ne donne absolument rien aux résistants centrafricains.

Ne pas contraindre les autorités centrafricaines à la bonne gouvernance c'est porter la responsabilité de la grave crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans toute la partie Nord-Ouest et Nord-Est du pays. D'ailleurs certains faits et actes posés par les hommes de la sécurité présidentielle relèvent du crime de guerre dont le Général BOZIZE et son neveu le « BOUCHER DE PAOUA » le capitaine NGAÏKOSSET devraient répondre. Que l'ONU diligente dans ces régions une enquête internationale indépendante avant de venir parler du DARFOUR qui n'a rien à voir avec la crise Centrafricaine. Que les autorités françaises qui donnent l'ordre à leurs avions de guerre Mirage ainsi qu'à leurs commandos spéciaux de bombarder et de ratisser la région Nord-Est fassent au moins preuve d'un peu d'humanité en prenant le devant de l'assistance humanitaire à Birao mis à feu et à sang pour sauver le pouvoir inique du Général BOZIZE. D'autant que ce dernier ne se gène pas pour dire à qui veut l'entendre qu'il jouit du soutien sans faille des autorités françaises actuelles.

Doit-on envisager le départ du Bonuca,comme le préconisent certaines ONG ?

L'institution en elle-même n'est pas si mauvaise que cela. Même si son budget de fonctionnement aurait mieux servi pour le règlement de vrais problèmes sociaux tels que la réhabilitation et/ou fournitures en matériels de centres de santé rurale, des établissements scolaires ou encore le paiement d'arriérés de salaires des agents de l'Etat, de bourses des étudiants, plutôt que de nourrir des fonctionnaires internationaux qui vivent à Bangui dans l'opulence ostentatoire et franchement insultante pour la grande majorité des Centrafricains.

Le séjour si prolongé à Bangui du Général sénégalais Lamine CISSE qui est à la tête du BONUCA depuis fort longtemps a fini par devenir contre productif. En effet, ce dernier a atteint un niveau de proximité, d'intimité et finalement de complicité avec quasiment tous les principaux acteurs politiques et militaires nationaux et étrangers de la crise centrafricaine, ceci est particulièrement si vrai avec le Général BOZIZE ; qu'il n'a plus la lecture objective des situations d'où ses rapports partisans. Il faut redéfinir les objectifs et la mission du BONUCA et procéder à la rotation de ses fonctionnaires au plus haut niveau sans humilier qui que ce soit. Il y'a de l'usure. L'ONU à travers le BONUCA doit être plus vigilent sur l'intégrité de ses représentants tout comme sur leur manière d'être et de faire en matière de relation avec les autorités gouvernementales ainsi que toute la classe politique et sociale de notre pays.

Que préconisez-vous pour une sortie de crise dans votre pays ?

Pour qu'enfin on retrouve le chemin de la paix, de la légitimité du pouvoir, de la stabilité des institutions et de la relance du processus de développement, seul le dialogue Inter-Centrafricain où les vrais problèmes militaires et politiques de la Centrafrique peuvent être posés avec des propositions de solutions dans un cadre consensuel. Ce dialogue ne pourrait atteindre pleinement ses objectifs que s'il est accompagné fortement par la communauté internationale à travers un mécanisme de parrainage en rupture avec les exemples du passé. Lesquels si l'on s'en tient aux faits ont tous échoués. D'autre part, si nous voulons sortir la Centrafrique de la crise, il nous faut ensemble construire une Nouvelle République sur des bases citoyennes et patriotiques. Une République acceptée et partagée par toutes les forces vives du pays.

Avez-vous un message à faire passer ?

Mon message est simple. Le Général BOZIZE doit résolument se mettre à l'écoute du peuple souverain de Centrafrique et arrêter de vassaliser le pays à ses prétendus protecteurs, particulièrement le président du Tchad Idris DEBY. Il serait plus crédible et véritablement honorable pour lui de se vanter du soutien des populations centrafricaines, des officiers et hommes de troupe des Forces armées nationales (FACA) plutôt que de l'appui toujours éphémère des dirigeants d'autres Etats, de corps expéditionnaires du Tchad, du Gabon, du Congo ainsi que de commandos spéciaux français et des mercenaires étrangers qui le portent à bout de bras.

Au peuple centrafricain, je lance un appel pour un soutien actif et multiforme à la Résistance nationale. Qu'il sache que ses filles et ses fils des unités combattantes qui se battent sur le terrain ont besoin de sa compréhension et de son adhésion. Nous luttons pour la re-fondation de la République et non la politique du ventre. Le 15 mars 2003 et sa suite constituent un accident dans notre histoire nationale. C'est pourquoi, nous avons le devoir absolu de refermer très vite cette parenthèse.
  Jeudi 19 Avril 2007  Propos recueillis par Adrien de Serges G Poussou 

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