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22 mai 2006 1 22 /05 /mai /2006 16:36

Ouganda. La dangereuse dérive de Yoweri Museveni

Considéré jusque-là comme un élève modèle du FMI et de la Banque mondiale, la volonté du chef d’Etat ougandais de briguer un nouveau mandat inquiète les Occidentaux.

 

Volontiers présenté comme le modèle du dirigeant africain adepte de la « bonne gouvernance », l’ancien chef de la National Resistance Army, au pouvoir sans interruption depuis 1986, n’est plus véritablement en odeur de sainteté auprès de Washington et de Londres, qui ne lui ménageaient pas leur soutien jusqu’à une date récente.

Ces deux capitales avaient fermé les yeux sur ses agissements dans la région et sur l’appui qu’il avait apporté aux rebelles du FPR rwandais, leur permettant de déclencher le conflit qui conduisit au tragique génocide de 1994. Elles n’avaient guère protesté lorsqu’il était intervenu dans la terrible guerre civile qui ravage la République démocratique du Congo.

Après tout, Yoweri Museveni avait combattu Idi Amine Dada et mis un terme à la dictature sanguinaire de Milton Obote. Appliquant strictement le plan d’ajustement structurel concocté par les Institutions de Bretton Wooods, il a rétabli l’économie de son pays et permis le retour des Indiens, chassés jadis par Idi Amine Dada.

Cela valait bien qu’on ferme les yeux sur son refus obstiné de mettre en œuvre le multipartisme et sur son attachement au « No Party System ». Les partis politiques existent mais n’ont pas le droit d’exercer leurs activités et de se présenter ès qualités aux élections.

Bill Clinton lui avait rendu visite et l’avait chaudement félicité, tout comme George Bush Jr, qui apprécie son implication dans la lutte contre le fondamentalisme musulman.

Reste que Yoweri Museveni a pris une initiative risquée. Il a décidé d’organiser, le 30 juin prochain, un référendum en vue de légaliser le rétablissement du multipartisme. Mais, dans la foulée, il a décidé de faire adopter par le Parlement, une modification de la Constitution l’autorisant à briguer un troisième mandat alors qu’il devrait normalement quitter ses fonctions en 2006.

L’ancien ambassadeur américain à Kampala, Johnnie Carson, a vivement réagi à cette décision critiquée par l’opposition ougandaise : « Alors que les réformes de Museveni ont conduit à la stabilité et à la croissance, la façon de gérer ces deux problèmes nationaux, le référendum et l’amendement constitutionnel, risque d’interrompre les progrès enregistrés par l’Ouganda depuis quinze ans…Si Museveni réussit à gagner un troisième mandat, on pourrait se retrouver avec un autre Mugabe », allusion peu aimable au dictateur zimbabwéen.

Quand à Londres, le gouvernement de Tony Blair a décidé de suspendre une aide de 7,3 millions d’euros en raison « des progrès insuffisants vers l’établissement d’une base juste pour un système multipartite ».

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