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18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 01:20

Litige foncier : L’amant et le 2ème bureau au Tribunal

Litige foncier : L’amant et le 2ème bureau au Tribunal

La première audience du différend opposant Victor Madengue Maboa à son 2ème bureau a eu lieu le 19 mai dernier au Tribunal de grande instance de Douala Bonanjo. Rendez-vous est pris pour le 16 juin prochain.

Ceux qui ont connu l’idylle vénusienne entre Victor Mandengue et sa concubine n’entrevoyaient certainement pas, à l’horizon, une issue aussi agitée. Comme la plupart des unions amoureuses, la relation entre Victor Mandengue Maboa et sa concubine naît d’une rencontre fortuite dans une rue embouteillée de la ville de Douala, toujours ambiancée. Désormais sous le charme d’une carte de visite bien étoffée, d’un porte-feuille garni et des attentions diverses, tout est mieux dans le meilleur des rêves possibles. Le 2ème bureau de Victor ne jure plus que par celui qui l’a sortie d’un modeste 2 pièces, pour un appartement moderne, à la dimension de la stature du chef de service de la Communauté urbaine de Douala et de l’homme très introduit de la place. Après l’une des virées nocturnes fortement arrosées de bons vins et du poisson frais de Youpé, Victor Mandengue Maboa propose à sa dulcinée de lui faire un enfant. Très ambitieuse, elle accepte la proposition, mais exige à son prince charmant de lui construire avant tout une maison. « Ceci rentre dans les projets que j’ai pour toi », lui avoue-t-il. Pour mettre à exécution son projet, Victor Mandengue Maboa met sa concubine en contact avec son entrepreneur et homme de main, Wilfried Mangoumè. Dès cet instant, tout ira très vite. Une parcelle de terrain de 280 m_ objet du titre foncier n°9466 W est repérée au quartier Deido, au lieu dit Bonateki, dans la succession François Kotto Ellong. Les représentants de ladite succession, Aimé Paul Elong Ebonguè et Thomas Bema Wei reçoivent des mains de la maîtresse de Victor Madengue 7 millions de Fcfa au titre de cette vente. Cette somme est versée en plusieurs tranches : 2 000 000 de Fcfa le 15 juillet 2004 ; 1 000 000 de Fcfa le 23 juillet 2004. Wilfried Mangoumè, présenté tantôt comme l’homme de main de Victor Mandengue Maboa s’implique comme témoin dans cette transaction d’achat. Il est le signataire d’un reçu d’une somme de 300 000 Fcfa avancée par la dulcinée de son patron. Pour ce démarcheur, cette somme « fait partie de l’avance sur le prix de la vente de terrain dont la copine du sieur Madengue est entrain d’acheter chez Mr Ebonguè et Wei. » Toujours est-il que, après de multiples versements, le 9 août 2004, Paul Aimé Ebonguè Elong et Thomas Bema Wei reconnaîtront « avoir reçu la somme de 7 000 000 de Fcfa de l’acquéreur représentant le montant total de la vente d’une parcelle de terrain de 280 m_ objet du titre foncier n° 9466 W. » L’affaire devient très intéressante dès lors que Wilfried Mangoumè, homme de main de Victor Mandengue Maboa qui entre temps était témoin des versements, va faire découvrir la réalité à l’épouse légitime de son patron. Panique dans le ménage. Victor Mandengue Maboa n’a pas voulu s’arrêter en si bon chemin. Il a réussi à parachever la construction de la villa de son « 2ème bureau », à hauteur de près de 50 millions de Fcfa. Bousculé dans son ménage, le chef de service de la comptabilité matière et de la caisse à la Communauté urbaine de Douala fait feu de tout bois pour récupérer cet investissement. Pour cela, tout est mis à contribution. Contrefaçon, imitation des signatures, faux, intimidations diverses, assignation d’huissiers, etc.. Pour l’avocat de la concubine de Victor Madengue qui n’en démord pas, et dans une correspondance adressée au chef de service départemental du cadastre du Wouri, à Douala, il faut faire échec à l’offensive juridique déclenchée par Victor Mandengue Maboa. Ce dernier a introduit une opposition du bornage du terrain querellé. Les termes de la correspondance de l’avocat de son amante sont sans équivoque : « Je sollicite que cette opposition injustifiée et fantaisiste soit rejetée car elle a été faite pour simplement nuire à ma représentée. » Démontrant ensuite le caractère irréversible et authentique de la vente et comme pour confondre sieur Victor Mandengue Maboa, il poursuit : « En effet, ma cliente a comparu personnellement devant le notaire, Maître Some Eboutou, de même que les sieurs Wei Bema F. et Ebonguè Elong P. Lesquels ont signé l’acte de vente dudit terrain. Aussi à titre de témoin oculaire, a personnellement comparu sieur Mangoumè Wilfried, dépourvu de toute procuration, lequel a signé cet acte de vente. » Plein d’humour et de réalisme juridique, il conclue : « La cerise sur le gâteau, les paiements du prix de la chose ont été faits par ma représentée comme l’attestent tous les reçus, voire ceux des frais du notaire en ma possession. La vente a été ainsi parfaite selon les termes et esprit de la loi. »
Joint au téléphone le lundi 15 mai 2006 à 10h27 mn pour avoir sa version des faits, dans un entretien de près 9 mn et malgré notre patience, Victor Mandengue Maboa nous a intimé dans un premier temps : « Faites votre travail. » Aux questions de savoir l’origine des fonds qui lui permettent de bâtir une maison évaluée à près de 50 millions de Fcfa à une concubine, et s’il ne ferait pas partie des Camerounais qui se sucrent dans les caisses de l’Etat, au moment où le président de la République a décidé de tordre le cou aux prévaricateurs des deniers publics, notre interlocuteur, dans un ton réconciliant nous a proposé : « Venez me rencontrer personnellement, je ne peux vous en dire plus au téléphone. » Au moment où cette affaire est portée devant les tribunaux, des sources proches de ce dossier pensent que le chef de service à la comptabilité matière et de la caisse de la Communauté urbaine de Douala ne devra s’en prendre qu’à lui même. Car, une maxime latine connue affirme : « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. » Affaire à suivre le 16 juin 2006 au Tgi de Douala Bonanjo.


François Owona

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