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19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 22:51
Le camp présidentiel quitte définitivement le train de la paix- FPI-Gbagbo : Les dessous d`une transe collective

mardi 18 juillet 2006

A
près les avertissements et les menaces, le FPI est passé aux actes hier. Les militants de Pascal Affi N'guessan ont en effet "usé de tous les moyens" pour empêcher le bon déroulement des audiences foraines, dans un premier temps, dans les localités qui leur sont politiquement favorables. Le train de la paix de Charles Konan Banny a déraillé à Yopougon, à Adzopé et à Divo. La crise ivoirienne est à un tournant important de son évolution…
Le FPI, il faut le souligner, s'est montré très réticent vis-à-vis des audiences foraines depuis la conception scientifique jusqu' à la mise en œuvre de cette opération, en passant par sa phase pilote. De récrimination en récrimination, les explications, les séances de travail, les démarches discrètes et intelligentes du gouvernement n'ont pas paru suffisantes pour rassurer le camp présidentiel. Pas même la réunion de sauvetage initiée samedi dernier par le Premier ministre avec l'ensemble des partis politiques légalement constitués. Cette rencontre n'a du reste rien changé dans l'idée que Miaka Ouretto se fait des audiences foraines. "Les audiences, selon nous, doivent se dérouler dans les conditions les meilleures car conduisant aux élections. Pour nous, la condition première pour qu'on aille aux élections, c'est le désarmement (…) Pour nous, il faut le désarmement obligatoire", déclarait le Secrétaire général du FPI. Tandis que le même jour, à Daoukro où la jeunesse du FPI qui y effectuait sa rentrée politique faisait savoir par la voix de son président Konaté Navigué qu'ils boycotteraient les audiences foraines comme les élections de 95. Mamadou Koulibaly, le président de l'Assemblée nationale, parrain de ladite cérémonie, lui emboîtait le pas pour déclarer qu'il boycottera la CEI, la structure chargée de préparer les élections. Et ce n'est pas fini car dans la même journée du samedi 15 juillet, sur un autre théâtre à Yamoussoukro, Gbagbo était en attraction. Comme piqué par un serpent qui vous inocule le venin de la colère, une colère si noire qu'elle vous pousse à vous attaquer à tout le monde, le chef de l'Etat n'a épargné personne. Sans fioritures diplomatiques, il a chargé l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, accusant Pierre Schori et ses hommes de partialité dans la gestion de la crise. Gbagbo ne supporte pas non plus le procès "injuste" qui est fait à ses "jeunes patriotes". "Ils sont qui pour venir nous menacer chez nous ?" s'interroge Gbagbo. Une fois encore, il évoquera la question de l'expulsion des casques bleus de Côte d'Ivoire, arguant que des pays comme l'Erythrée, le Soudan ou l'Ethiopie ont chassé les soldats de la paix de leur territoire et que le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Laurent Gbagbo s'est également montré très critique à l'égard du gouvernement de transition qu'il dirige en tandem avec Banny. "Un gouvernement doit être pédagogue. Il doit expliquer pour être compris. Il doit pouvoir comprendre et convaincre (…) Un pouvoir sert à convaincre et non à imposer", déclare-t-il dans une allusion non feinte à Banny et au ministre de la Justice, Mamadou Koné, chargé de piloter l'opération des audiences foraines.

Virage dangereux
La violence politique a donc repris ses droits et bien malin qui pourrait prédire où nous mènera cette autre crise dans la crise. Le FPI a de toute évidence décidé de jouer son va-tout maintenant. Les "jeunes patriotes" ont repris leur place dans la rue, ils déboulonnent les rails du train de la paix. Les audiences foraines n'auront pas lieu ou seront à tout le moins significativement perturbées dans certaines localités. Une situation qui peut affecter le crédit et la crédibilité de l'opération quand celle-ci sera déclarée terminée et un argument de poids pour tous ceux qui se préparent à contester les résultats des futures élections. Aujourd'hui, ceux qui font obstacle au processus de paix se montrent au grand jour. Ils n'ont plus peur des sanctions de l'ONU. Ils ont la conviction de jouer ici leur destin, leur avenir politique. Dans ces conditions, que va faire la communauté internationale qui a déjà annoncé par la voix du haut représentant de l'ONU chargé des élections en Côte d'Ivoire, qu'elle ne tolérera pas que l'on boycotte les audiences foraines ? Il semble en effet que nous soyons arrivés à un point de rupture. Le tandem Banny-Gbagbo qui portait en lui-même les germes de sa division s'est brisé. Gbagbo a choisi le camp des patriotes" et des "résistants", Banny a choisi celui de la communauté internationale qui lui a remis une feuille de route, laquelle a été entérinée récemment dans son volet audiences foraines par Kofi Annan, lors de la rencontre du 5 juillet à Yamoussoukro. Ce qui est surprenant ici, c'est que, apparemment tout a été décidé en accord avec Gbagbo. Non seulement, le chef de l'Etat ivoirien n'a rien eu à redire lorsque le sommet a adopté ses recommandations sur les audiences foraines, mais en plus, au lendemain de la rencontre, Laurent Gbagbo a reçu à déjeuner le Premier ministre à Yamoussoukro pour parler de la mise en œuvre des résolutions issues du sommet. Le ministre de la Justice avait été appelé d'urgence d'Abidjan pour prendre part à cette séance de travail au cours de laquelle il a exposé sur les modalités pratiques des audiences foraines. C'est au cours de cette réunion que Gbagbo a exigé et obtenu que les enregistrements des Ivoiriens et des non ivoiriens ne se fasse pas les mêmes jours. Mais apparemment cela n'a pas suffi pour que le FPI lève la garde sur cette opération qu'elle boycotte depuis hier. La question que l'on peut se poser est de savoir : que va-t-il se passer maintenant ? Le FPI va-t-il se servir de ce prétexte pour faire dérailler tout le train de Banny ? La communauté internationale va-t-elle sévir ? Que risque-t-il de se passer si Gbagbo, Mamadou Koulibaly et tous les "freins à la paix" étaient sanctionnés ? Nuage épais sur la transition.

Akwaba Saint-Clair

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