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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 11:02
Editorial: Chirac et la stabilité africaine
(Le Matin 16/02/2007)


Le 24e Sommet France-Afrique s'est ouvert, hier à Cannes, en présence de S.A.R. le Prince Moulay Rachid et les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Afrique francophone.

Cette première journée a été marquée par l'allocution que le président Jacques Chirac a prononcée et dans laquelle il a souligné que " l'intégrité territoriale des Etats constitue un facteur de stabilité dans le continent africain ". Voici une profession de foi réaffirmée, non sans emphase, du haut d'un sommet franco-africain par un président qui s'apprête, après douze ans d'exercice, à quitter ses responsabilités présidentielles avec sérénité.

Après avoir souligné que " la France aime l'Afrique " et que lui-même la porte sur son cœur, après avoir exhorté également la chancelière Angela Merkel à inscrire l'Afrique à l'ordre du jour du prochain sommet du G8 et rendu un hommage à feu Houphouet-Boigny, Jacques Chirac a mis en évidence le lien entre " stabilité et solidarité ". Et d'annoncer avec force que " la stabilité, c'est également veiller à l'intégrité territoriale ". Quel Africain ne se reconnaîtrait-il pas dans ce propos animé par une conviction, chevillée au corps chez lui : l'unité nationale n'est jamais un fétiche.

L'énumération des conflits et des crises, latentes ou ouvertes qui handicapent le développement africain, ne relève pas d'une fatalité. Elle procède d'une démarche qui privilégie l'espoir. Les causes de l'instabilité sont connues : frontières mal ou pas définies du tout, absence de démocratie et mauvaise gestion qui confine souvent à la gabegie, créant un fossé entre les gouvernants et le peuple poussé au désespoir.

Or, le plus grave semble également provenir de la propension de certains à convoiter le leadership et de céder au démon de l'hégémonisme territorial. Le Maroc fait bel et bien les frais d'un tel syndrome. Les conflits territoriaux, nés d'une décolonisation cafouilleuse et souvent mal gérée, ont laissé des bombes à retardement comme le Biafra, les Grands Lacs, la Somalie, l'Erythrée et le Darfour.

Les Etats, y compris ceux réputés solides, sous la pression des tribalismes et des particularismes, ont volé tout simplement en éclats, accentuant les césures, mettant violemment face à face – comme au Rwanda – des ethnies. Le principe de l'intégrité territoriale n'a jamais été si malmené et continue de subir les Fourches caudines des impérialismes à vocation sous-régionale.

Le président français a cité, à juste titre, Kofi Annan :
" Pas de développement sans sécurité, pas de sécurité sans développement. Ni développement ni sécurité sans respect des droits de l'Homme ". Ce sont en fait les Etats démocratiques qui assurent à la fois la gouvernance, la stabilité et la sécurité.


| LE MATIN


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