Économie et perspectives: Où va le le Gabon
[ Libreville - Gabon ] ( 08/04/2006) Gabonplus & Beac
En 2004, la situation macroéconomique du Gabon s'est caractérisée par un ralentissement de l'activité économique, une baisse des tensions inflationnistes, une certaine maîtrise des dépenses publiques, une consolidation du solde de la balance commerciale et une amélioration de la position extérieure.
Économie : Environnement économique nationale et perspectives à court terme du Gabon Introduction Cette situation s'est opérée dans un contexte international caractérisé par la faiblesse du dollar contrastant avec la bonne tenue des prix des principaux produits d'exportation. Au plan interne, on a observé une consolidation des finances publiques, en liaison avec une amélioration des recettes pétrolières suite à l'évolution des cours internationaux. Ce début d'année 2005 révèle une maîtrise de l'inflation et une exécution des dépenses publiques qui devrait être conforme aux objectifs de l'Accord de Confirmation. Les négociations avec les Institutions Financières Internationales ont été marquées par l'examen par le FMI du rapport intermédiaire à fin décembre 2004 de cet Accord. Le bon déroulement du Programme a ouvert aux Autorités gabonaises, l'opportunité d'un décaissement. Les perspectives pour la fin de l'année devraient se traduire par une reprise de l'activité économique dont la croissance réelle s'établirait à 2% sur fond d'inflation contenue et de consolidation de la position extérieure. I - EVOLUTION DU SECTEUR REEL I-1 OBSERVE CONJONCTUREL : Pétrole : La production pétrolière s'est établie à 13,493 millions de tonnes, soit un niveau équivalent à celui de l'année 2003 (13,483 millions de tonnes). La production du mois de janvier s'élève à 1 179 661 tonnes, soit une progression de 4,6% en glissement annuel par rapport à janvier 2004 laissant augurer les perspectives d'une stagnation de la production pour l'année 2005. La production sur ce premier trimestre devrait être favorablement motivée par les prix rémunérateurs du baril de pétrole sur les marchés internationaux, nonobstant le problème de l'augmentation de la décote. Bois : En 2004, la production de grumes s'était établie autour de 1,8 million de tonnes dont 1,6 million a été exporté. Le secteur forestier reste caractérisé en ce début d'année par la décision de mettre fin au monopole de la SNBG sur la commercialisation de l'okoumé et l' Ozigo en 2006. Les statistiques à fin février 2005 font ressortir une contraction de 12,3 % par rapport à janvier 2004 de la production d'Okoumé. Sur la même période, le volume produit en Ozigo est passé de 318 m3 en février 2004 à 1 241 m3 en février 2005. La production de bois divers à fin janvier a progressé de 31,8 % par rapport à fin janvier 2004 pour se situer à 51 266 m3. De même, à fin janvier 2004, les exportations de cette catégorie de bois ont progressé de 158,9 % à 8 8126 m3. Au total, les chiffres consolidés à fin janvier font ressortir une croissance de 10,1 % de la production des grumes gabonaises laissant augurer une meilleure année que la précédente. Manganèse : La production de manganèse à fin décembre 2004 s'est chiffrée à 2,5 millions de tonnes. A fin février 2005 elle s'est élevée à 413 057 tonnes contre 400 187 tonnes à fin février 2004, soit une augmentation de 3,2 %. Les évolutions constatées depuis l'année dernière sont la conséquence d'une demande internationale et de la décision du groupe Eramet , par l'intermédiaire de la Comilog , d'augmenter la capacité de production de l'usine de Moanda. En 2004, le résultat d'exploitation du groupe français a été multiplié par près de cinq à 630 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 27 % à 2,521 milliards d'euros. La branche manganèse a profité du boom mondial de l'acier en 2004 et a vu son résultat d'exploitation être multiplié par près de 36 à 320 millions d'euros, contre 9 millions d'euros en 2003. BTP et Matériaux de Construction : Les entreprises du bâtiment et des travaux publics accusent en ce début d'année une régression du chiffre d'affaires de 22 % passant de 3 484 millions en janvier 2004 à 2 716 millions en janvier 2005. La baisse globale du chiffre d'affaires traduit mal la situation des différentes grandes entreprises. Ainsi, si pour SOCOBA et SOBEA le chiffre d'affaires augmente, il n'en n'est pas de même pour Dragages Gabon et SATOM . Cette évolution globale s'est produite en débit du paiement par l'Etat d'une partie de sa dette intérieure. L'atonie ainsi révélée peut être mise en relation avec le fait qu'à cette date, le budget de l'Etat n'était pas encore mis en place. La production de ciments s'est inscrite en repli de 5 % en janvier alors que le chiffre d'affaires progressait de 9,5 %. Cette situation résulte du fait que l'entreprise CIMGABON effectue des opérations de maintenance du matériel. Parallèlement, la demande intérieure et extérieure a sensiblement augmenté ces derniers temps. Transport : A l'image de l'année 2004, le début d'année 2005 fait ressortir une situation contrastée du transport aérien et du transport terrestre. Les mouvements d'avions sont en recul de 17,1 % en janvier 2005. Reflétant cette évolution, le nombre de passagers sur l'aéroport de Libreville a diminué de 25 % tandis que le tonnage des marchandises transporté a régressé de 30%. Cette situation est notamment liée aux difficultés d'exploitation de la compagnie nationale Air-Gabon. L'activité dans le transport ferroviaire est favorable. En effet, le nombre de voyageurs progresse de 22,6 % et les rotations de trains sont en hausse de 11,4 %. Ceci est à mettre en rapport avec les moyens mis à la disposition de la SETRAG pour accompagner l'expansion des activités de manganèse. L'activité du transport terrestre, quant à elle, est contrainte par l'état des routes et la concurrence de l'informel. Industrie brassicole : Après un début d'année 2004 morose, l'activité dans la branche s'est relevée en fin d'année, principalement tirée par le géant du secteur, SOBRAGA. Le redressement dans cette entreprise s'est produit notamment à la faveur d'une part du déroulement des festivités du 17 août dans des provinces ayant une incidence notable sur son activité mais aussi grâce à l'introduction de nouveaux produits. Dans l'élan de la fin de l'année 2004, l'industrie brassicole affiche des résultats optimistes à fin février 2005. La production progresse pour toutes les trois principales composantes de la branche. C'est ainsi que les volumes produits de bières et de boissons gazeuses de la SOBRAGA sont en hausse respectivement de 13,5 % et 4 % en glissement annuel. Les quantités de boissons gazeuses et d'eau de SOBOLECO se sont respectivement établies à 5669 hl (+560,7 %) et 13 692 hl (+58,4 %). Enfin la croissance de la production de vin de SOVINGAB progresse de 20 %. I - 2 INFLATION Selon la DGSEE, l'indice général des prix à la consommation s'est inscrit en hausse de 0,4 % en moyenne annuelle en 2004 contre 2,3 % en 2003. L'inflation ainsi constatée est essentiellement importée puisque les prix des produits importés ont progressé de 1,8 % tandis que ceux des produits d'origine locale ont reculé de 0,6 %. Les différentes composantes qui sous-tendent cette évolution des prix sont l'habillement (+8,3 %), les transports (+5,4 %), l'alimentation (-1,8 %), l'habitation (-2,2%). L'inflation mensuelle s'est établie à -0,8 % en janvier avant de se situer à –0,1 % en février 2005. Les prévisions d'inflation de la Direction Générale de l'Economie pour l'année 2005 sont de 2 %. Mais au vue des ces premières statistiques mensuelles, une révision à la baisse est probable. I - 3 PERSPECTIVES DANS LE SECTEUR REEL En 2005, selon le cadre macroéconomique révisé, la reprise de l'activité économique initialement prévue est confirmée mais de manière moins prononcée. Elle s'appuierait sur les bonnes performances des industries extractives et un redressement dans le secteur sylvicole ainsi que dans le BTP. Le taux de croissance réelle s'élèverait à 2% (au lieu de 2,3% projeté initialement) contre 1,4% en 2004. Les tensions inflationnistes resteraient contenues, avec une progression de l'indice des prix à la consommation autour de 2%. I - 3 – 1. Evolution prévisible de la demande globale La croissance économique en 2005 serait essentiellement soutenue par la demande intérieure, avec une contribution favorable de 2,1 points contre 2,3 points initialement prévue, en raison de la bonne tenue de la consommation privée et des investissements privés. La demande extérieure, pour sa part, obérerait la progression du volume de la production de 0,1 point au lieu de la neutralité envisagée initialement. Au niveau de la demande intérieure , la consommation globale participerait à la croissance à hauteur de 1,6 point au lieu de 1,9 point antérieurement attendu, avec une contribution de 1,7 point de sa composante privée . Les dépenses finales des ménages seraient stimulées par le redressement dans le secteur sylvicole, le BTP, le commerce ainsi que par la poursuite du programme de participation villageoise à l'entretien routier. Le démarrage effectif des actions de l'entreprise SIAT-Gabon et l'intérêt pour le projet des 13 parcs nationaux ainsi que le règlement de la dette de l'Etat devrait être de nature à encourager la consommation privée. La consommation publique, pour sa part, grèverait la croissance de 0,1 point du fait de l'engagement pris par les autorités de réduire le train de vie de l'Etat. Les investissements bruts encourageraient la croissance de 0,5 point (au lieu de 0,4 point prévu auparavant) à cause d'une moindre contraction des investissements pétroliers et ce, en dépit d'une révision à la baisse de l'accroissement des investissements privés non pétroliers. Les investissements publics auraient une contribution nulle à la croissance. Ainsi, le taux d'investissement reviendrait à 22,1% du PIB au lieu de 23,1% initialement attendu, contre 25,4% en 2004. La demande extérieure nette devrait participer négativement à la croissance (-0,1 point). L'apport positif des exportations des biens et services de 0,5 point prévu auparavant ferait place à une contribution nulle du fait de la stabilité de la production pétrolière. En outre la contribution négative des importations des biens et des services (-0,1 point contre –0,5 point initialement) est à relier à l'augmentation des achats à l'extérieur afin de soutenir la consommation privée et ainsi que la croissance dans les branches telles que le commerce ou la téléphonie mobile. I - 3– 2. Evolution prévisible de l'offre globale En 2005, la croissance économique s'appuierait sur le redressement dans la branche sylvicole, les transports et télécommunications ainsi que les BTP dans un contexte de stabilisation de la production pétrolière. On noterait également un regain d'activité dans le commerce et les industries manufacturières. Dans le secteur primaire, la croissance serait soutenue par le redressement dans la sylviculture et l'industrie du bois en rapport avec un redressement attendu dans la branche. Dans le secteur secondaire, les industries extractives auraient un apport positif à la croissance. Cette situation résulterait d'une légère révision de la production pétrolière qui serait de 13,5 millions de tonnes en 2005 conjuguée avec une confirmation de la prévision de production de manganèse qui devrait s'établir à 2,7 millions de tonnes (+9,7%). Le secteur tertiaire, devrait contribuer à hauteur de 0,9 point à la croissance en liaison avec le dynamisme des services de transport et des télécommunications ainsi que de la bonne tenue du transport ferroviaire. II FINANCES PUBLIQUES L'actualité sur la gestion du budget de l'Etat a été marquée par des avancées significatives dans les relations avec la Communauté financière internationale ainsi que par la mise en place des crédits. L'adoption favorable le 29 mars, par le Conseil d'Administration du Fonds Monétaire International, du rapport de la troisième revue de l'Accord de Confirmation a permis d'offrir aux Autorités l'opportunité d'un tirage de près de 11 milliards de FCFA. Le tableau des opérations financières de l'Etat au mois de février 2005 fait ressortir une progression, en glissement annuel des recettes budgétaires de 2,2 % à 202,7 milliards résultant de l'augmentation des recettes pétrolières (+1,6 %) et non pétrolières (+3,1 %). Les dépenses totales sont en hausse de 16,6 % à 123,5 milliards à fin février 2005. Cette hausse est essentiellement imputable à l'augmentation des dépenses courantes (+16,2 %) qui se sont établies à 98,2 milliards à la faveur d'une hausse des achats de biens et locations de services (+54,5 % à 25,8 milliards) et d'un accroissement des transferts et subventions (+43,6 % à 27 milliards). En définitive, l'exécution du budget de l'Etat au 29 février 2005, fait apparaître un excédent budgétaire global (base engagements) de 79,2 milliards, en diminution de 14,3% par rapport aux deux premiers mois de l'année 2004. Le solde primaire ressort ainsi en contraction de 11,6 % à 88,2 milliards de FCFA (2,3 % du PIB). III COMMERCE EXTERIEUR Les échanges extérieurs se sont soldés par un excédent de la balance commerciale évalué à 143 milliards à la fin du mois de février 2005, contre 158,1 milliards pour le cumul des deux premiers mois de l'année 2004, soit une diminution de 10 % en glissement annuel. Ce recul s'explique par une baisse des exportations (-7 %), relativement plus prononcée que celle des importations nominales (-4 %). Les exportations cumulées à la fin du mois de février 2005 s'élèvent à 253,2 milliards contre 273,3 milliards pour la même période 2004. La baisse des exportations, en dépit de la progression des ventes de manganèse, est imputable à la contraction des ventes de pétrole (-33,6%) qui, malgré tout, représentent 60,4% des exportations cumulées. Les statistiques du bois font apparaître une progression de 60 % par rapport aux deux premiers mois de l'année 2004. Les ventes de bois débités se sont également accrues de 12 %. Les importations cumulées au mois de février 2005 s'établissent à 110,2 milliards et sont inférieures de 2,6 milliards à celles de la même période en 2004, (soit- 4 %) du fait de la baisse des importations de boissons, de véhicules, des produits de consommation non alimentaires, des produits intermédiaires des entreprises de construction et des bateaux de forage. |
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