Les tergiversations de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, ministre de l’intérieur et candidat à l’élection présidentielle d’avril 2007 en France, au sujet de « l’immigration choisie et non subie », sont de nature à inquiéter outre mesure, la diaspora africaine en France, ainsi que l’Afrique entière.
En « surfant » habilement sur les terres frontistes, incarnées par Jean Marie Le Pen, président du Front National, dans une stratégie de récupération des électeurs de l’extrême droite française, Monsieur Sarkozy s’en prend indirectement aux Africains, qui ont le ressentiment après coup, d’être « envahissants et encombrants » en France, et par conséquent, comprennent le message qu’ils sont désormais indésirables dans l’Hexagone une fois qu’il sera installé à l’Elysée.
Pour les masses populaires africaines sur le continent et en France, la campagne présidentielle prend une tournure dramatique à partir de ces déclarations qui confirment au passage, les mots très durs de « racailles » ou « karcher » prononcés par le ministre de l’intérieur à l’endroit des mêmes « immigrés », qui constituent pour la plupart, les populations déjà défavorisées vivant dans les banlieues Françaises.
« Racaille » - Sans aucun doute, il en existe partout, y compris en Afrique et sur les autres continents, mais par contre, l’idée de nettoyer un quartier ou une cité au « karcher » pour en faire disparaître la « racaille », dénote une dérive idéologique gravissime à l’égard des populations d’Afrique du nord et au sud du Sahara qui se sentent blessées par ces propos.
Les Africains et les Maghrébins sont-ils devenus des boucs émissaires de tous les maux en France liés à l’insécurité, à ce point qu’il faut éradiquer le mal par l’usage du « karcher » ? Même s’il existe malheureusement des situations délictueuses dans ces quartiers dits difficiles ?
Ces propos ne sauront rassurer les Africains disposant du droit de vote dans l’hexagone, qui doivent faire en sorte, par leur acte civique, que de tels propos inquiétants, soient sanctionnés dans les urnes, il y va de l’intérêt de la démocratie en France, le pays des droits de l’homme et des libertés.
Ces agissements pour le moins populistes, doublement caractérisés par la démagogie et la langue de bois politique, ont déjà ouvert la polémique dans les banlieues populaires en France, créant par-ci, par-là des sentiments de frustrations énormes. A cet égard, il convient que chacun prennent en compte l’utilité de son acte civique le jour du vote, pour confier les commandes du bouton nucléaire à un candidat plutôt rassembleur que réactionnaire.
« L’immigration choisie et non subie » en fonction des critères de diplômes, veut dire tout simplement qu’il existe de bons et de mauvais immigrés. Cette stratégie politique électorale ouvre la voie à un nouveau plan de pillage de l’Afrique, dans la mesure où, ce débauchage en vue, de « matières grises » en Afrique, tout comme la déportation des Nègres au 16ème siècle vers les Amériques qui était « une immigration choisie » par rapport à la corpulence et aux muscles, avait dépeuplé l’Afrique en la diminuant sur le plan démographique, et économique.
Que le candidat soit soutenu par la plupart des multinationales qui opèrent en Afrique en rapatriant tous les bénéfices au profit de l’Hexagone, les Africains ressentent un doute concernant ce New Deal de la « rupture », y compris « la rupture tranquille », mais ils y voient surtout, le renforcement de l’impérialisme impénitent, et les reconduites draconiennes à la frontière, souvent traumatisantes, avec des barrières de visas liées aux diplômes, cela donne des frissons dans le dos ! ! !
« La France, aimez-là ou quittez-là », voilà encore une crainte réelle, qui inquiète le continent qui fut l’ancien empire colonial français, exploité pendant près de trois siècles, et qui continue de l’être.
C’est de cette manière que le continent où la France s’approvisionne en énergie, en matières premières agricoles, et en minerais dont l’uranium, le cuivre, le diamant la bauxite etc.… est remercié.
C’est enfin de cette manière qu’elle est reconnaissante envers les anciens combattants et tirailleurs Sénégalais, Maliens, Marocains, Algériens, etc. qui ont couru à sa défense contre ses voisins agresseurs en 1914 et 1945, et dans les guerres coloniales en payant le prix de leur vie.
« La discrimination positive » prônée par le candidat, n’est-elle pas tout compte fait, une sorte de stratégie de campagne pour séduire le vote de la communauté Franco-africaine élargie aux DOM-TOM ? On pourra douter à juste titre de la sincérité de ce slogan, du moment où l’obsession présidentielle du candidat vise à ratisser de façon large auprès de toutes les communautés nationales pour s’assurer le bail des cinq prochaines années à l’Elysée.
Ce qui pourrait aller dans l’ordre normal des choses pour bénéficier du vote des Africains et des Magrébins, serait de dire aussi à haute voix, et en toute vérité, tout le bien que l’Afrique et les Africains apportent en France et aux Français dans les approvisionnements en matières premières, dans la main d’œuvre industrielle, dans le domaine du sport et notamment le football avec les Bleus, le tennis avec Roland Garros, les médailles aux jeux Olympiques, dans le domaine artistique avec la musique dont la rap, le cinéma, l’Afrique et les îles comme destination touristique des Français et bien d’autres domaines.
Les Africains et les Magrébins ne pourront endosser exclusivement, la responsabilité collective de l’insécurité en France, qui est à priori un problème de chômage et un échec des politiques de logements.
Si la real politique est devenue un jeu de mots, et du spectacle en France, tel que cela se pratique au Front National, jouant sur les peurs pour angoisser les Français, on ne pourrait jamais le concevoir ainsi dans l’héritage gaulliste.
L’Afrique, qui est très en retard par rapport aux autres continents, représente 10 % de la population mondiale, dont la part dans le commerce mondial est inférieure à 1 % contre 4 % en 1970, avec un taux de croissance négatif depuis les années 80, doit pouvoir s’engager dès que possible, sur la voie de l’industrialisation, en optant pour une nouvelle forme de politique de coopération avec la France et les pays du nord.
La nouvelle coopération voulue par les Africains, basée sur la démocratie, l’Etat de droit, et le respect des droits de l’homme, doit faire l’objet d’un changement immédiat par rapport au soutient permanent de la France aux dictateurs africains qui ont conduit le continent dans la pauvreté, la misère, les guerres et les répressions barbares.
C’est ce désire de liberté et de démocratie en Afrique, qui déterminera en réalité les futurs enjeux de développement du continent. C’est dans ce sens que les Africains se prononceront prochainement dans les urnes en France, par rapport aux innovations proposées en politiques de coopérations selon les programmes des différents candidats à l’Elysée. Aucun tapage médiatique ne pourra détourner ce nouveau regard des Africains, tourné vers la fin des dictatures, postulée comme le point de départ indispensable du développement en Afrique.
La démocratie et le développement sont interdépendants comme les deux mains d’un seul homme. La démocratie doit libérer l’espace politique en Afrique, en permettant aux hommes et aux femmes de développement, de proposer des idées novatrices de développement en fonction de leur conviction, en vue d’un débat contradictoire dans les assemblées pour apporter des solutions adaptées à nos sociétés africaines retardées par les dictatures successives. Du Général De Gaulle jusqu’à la présidence de Jacques Chirac, la France a soutenu de manière tacite les dictateurs africains qui ont verrouillé militairement le débat et l’exercice parlementaire sur le continent. Ainsi, on constate malheureusement, que dès lors qu’ils sont ignorants et manquent de culture politique et de notions d’économie, mieux ils sont caressés dans le sens du poil en recevant appuis et soutient dans l’Hexagone.
La démocratisation de l’Afrique et la régulation des flux migratoires en France sont également interdépendants comme les deux mains d’un seul homme. Les Africains retourneront massivement chez eux, en libérant au passage des emplois et des logements dans l’Hexagone, lorsque que les conditions de liberté, de démocratie et l’Etat de droit qui ont permis à la France de se développer , seront implantées chez eux en Afrique pour leur développement.
Déverser des milliards et des milliards de dollars d’aide au développement dans les mains des dictateurs africains, sans débats parlementaires, ni contrôle de l’opposition et des syndicats, pour définir les priorités de la lutte contre la pauvreté, est un crime commis contre le continent.
Tido BRASSIER